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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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Jean-Jacques ROUSSEAU

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2 décembre 2006 6 02 /12 /décembre /2006 09:35

Le dernier numéro de la revue « Nature », paru jeudi,  met à mal la légende et la réputation des Stradivarius. Elle laisse à penser, sous la plume et l’archet acéré de Joseph Nagyvary, violoniste et biochimiste dans une université du Texas, que le bois d’érable du célèbre instrument ne devrait son étonnante sonorité qu’à un traitement chimique de conservation. Ainsi donc, la « magie » des luthiers de Crémone tiendrait plus des effets indirects, par oxydation ou hydrolyse, d’une peinture de protection du bois que d’un savoir-faire inégalé d’artisans de génie.

On ne veut pas le croire. Enfin, pas encore… D’autant que Joseph Nagyvary n’a pas livré la « recette » exacte qu’il prétend avoir décelé sur des « échantillons » choisis, avec force résonance magnétique nucléaire et spectroscopie infrarouge. Car l’homme a encore besoin de mystère et le musicien, tout comme l’enfant que nous restons toujours, n’aime pas qu’on lui « casse » ainsi ses jouets.

Antonio Stradivari, dit Stradivarius, fils spirituel de Niccolo Amati dont l’ancêtre avait inventé le violon, avait peut-être trouvé un produit miracle pour protéger ses bois des rigueurs du temps, mais il avait aussi percé le secret de la dimension idéale, des proportions parfaites, de ce savant mélange entre érable et sapin et de cette combinaison de 35 centimètres finement sculptée.

Vouloir donc expliquer cette vibration à nulle autre pareille par des histoires de colle et de résine, c’est vouloir résumer l’art à un simple « mécano » et l’oeuvre d’art à de la pacotille.

Quant à cette manie de tout vouloir décortiquer, d’analyser tout ou rien au microscope électronique et de soumettre ainsi  Stradivari et Guarneri « à la question », elle confine au sacrilège. Et procède parfois d’un comportement enfantin ! Comme s’il suffisait de déshabiller une femme pour en découvrir le charme et la complexité.

Car, plus qu’une simple histoire de bois et de chimie, c’est toute une alchimie qui fait la « belle ouvrage » et qui sépare l’habileté du talent, comme elle sépare toujours la beauté de la… perfection.

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