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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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7 décembre 2006 4 07 /12 /décembre /2006 10:13

Jadis, ce risque était ignoré de tous parce qu’il était hautement improbable, statistiquement négligeable et totalement accidentel. Aujourd’hui, c’est le pire cauchemar des Français parce qu’il est possible, voire habituel et, parfois, … négligé. Son mécanisme est implacable et touche toutes les classes sociales, sans distinction de races ou de religions.

Le pire ainsi décrit s’appelle l’exclusion, se décline en trois lettres SDF et, même s’il est pieusement dissimulé sous le terme de précarité, s’étend à la vitesse d’une épidémie. Près d’un Français sur deux en « rêve » la nuit. C’est du moins ce qui ressort du sondage publié aujourd’hui dans « La Vie » et « l’Humanité ». Et cela fait froid dans le dos.

Près des deux tiers des sondés âgés entre 35 et 49 ans estiment même qu’ils sont réellement menacés par le fait de devenir un jour sans-abri. Sans qu’une telle crainte relève de la psychiatrie.

Notre société ne se débat plus aujourd’hui entre suffisance et charité, mais entre impuissance et égoïsme. Quant à la misère du monde, elle ne parle pas obligatoirement des langues étrangères. Elle n’est pas uniquement dans les couloirs de Roissy, les zones de détention, les bouches de métro ou les rues de Calais. Elle est devant nous, sur le trottoir, debout ou allongée, et porte parfois un nom bien familier. « On » a pu le connaître autrefois. Il déambule désormais sur les pavés de l’étrange ou s’épuise sur les marches de l’inutile. Quand il me mendie pas sourire et conversation pour le prix d’un euro ou simple considération en… cadeau.

La misère, sociale, civile, professionnelle, intellectuelle, sentimentale est au cœur de nos familles, parfois bien cachée, et touche nos parents au sens large. Qu’importe qu’ils ne soient que vagues cousins ou oncles éloignés, ils sont la souffrance qui nous tenaille et la « plaie » qui refuse de cicatriser. Pire, ils nous rappellent, chaque jour, que demain, peut-être, sera notre tour. A la « faveur » d’un divorce, d’une suppression d’emplois, d’une délocalisation, d’un surendettement. D’un permis perdu, d’une violence non maîtrisée, d’un acte de désespérance.

Alphonse Allais disait que « la misère a cela de bon qu’elle supprime la crainte des voleurs ». Ce n’est même plus vrai. Mais, quitte à parler de bon, il serait « bon » désormais, à la veille d’élections essentielles, que chacun des candidats se penche sur le sort de ces deux millions d’ « ombres » qui ne sont plus jamais dans le débat. Alors qu’elles sont toujours, chaque jour plus nombreuses, le miroir caché de notre… société.

 

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