La relative faiblesse de la mobilisation, hier, contre le Contrat Première Embauche (CPE) montre bien que l’heure n’est plus aux certitudes. Et que les clichés n’ont plus vraiment droit de « cité ». Aujourd’hui, pour la grande majorité des citoyens, ainsi que pour l’essentiel des jeunes en mal d’emploi, il semble bien que le pragmatisme doive l’emporter sur le dogmatisme. Ainsi que l’expérimentation sur l’exclusion. Alors il n’est pas étonnant qu’il y ait eu, hier, à l’exception de quelques milliers d’étudiants et de lycéens politisés et les traditionnels professionnels syndiqués, si peu de monde à battre le pavé. Même si d’aucuns accusent déjà les vacances scolaires, les prochains partiels et pourquoi pas la RTT, d’avoir « volé » à la jeunesse le loisir de manifester. Ce coup de semonce, à défaut de constituer une déferlante, n’en demeure pas moins un sérieux avertissement.
En déduire pour autant que le Premier ministre a gagné son pari serait une grave erreur. Dominique de Villepin doit, en effet, se garder de tout triomphalisme. Il a tellement promis dans cette affaire, autant à la télé que dans les travées de l’Assemblée, qu’un échec du CPE serait aussi le sien. Il sera donc jugé aux résultats. Et c’est sans doute mieux ainsi. Car s’il réussit, il n’aura plus rien à craindre de… Sarkozy. Ni des autres d’ailleurs. Pour la première fois, peut-être, depuis bien longtemps, un homme politique engage vraiment son avenir sur la réforme qu’il initie. Ce qui est sans risque et « pain bénit » pour la démocratie. Et, pour la première fois, peut-être, depuis bien longtemps, la population dans sa très grande majorité semble encore lui accorder un petit crédit. Ce qui est un progrès contre la démagogie. Toutes les démagogies.
Le CPE aurait-il des vertus consensuelles cachées ? Non, mais il est sans doute l’un des derniers recours pacifiques d’une génération tourmentée certes par l’exclusion, mais qui veut tout tenter avant de se… révolter.