Un Président de club sportif peut-il, de sa propre autorité, fausser une rencontre du Championnat de France de Ligue 1, léser plus de 40.000 spectateurs payants, et s’ériger ainsi en arbitre non seulement de la sécurité de ses supporteurs, mais aussi de la bonne sérénité des débats sur un stade extérieur ? C’est toute la question soulevée par la décision, hier, de Pape Diouf, président de l’OM, d’envoyer à Paris une équipe de remplaçants, tout en « intimant » aux Marseillais de ne pas faire le déplacement. Car il va sans dire, dans ces conditions, que la rencontre PSG-OM, programmée demain au Parc des Princes, risque de tourner à la mauvaise farce.
La réponse sera sans doute donnée ce matin par la Ligue nationale de football professionnel qui réunit de toute urgence son conseil d’administration. Mais une chose est déjà sûre, ce comportement, quelles que soient les raisons invoquées, est inacceptable. Car il existe des voies de recours gracieux et réglementaires pour les problèmes de places et de supporteurs tout comme existent des autorités pour prendre la responsabilité de la sécurité. Et Pape Diouf, tout Président qu’il est, n’a aucune qualité pour s’y substituer. On peut, certes, estimer que le climat n’est pas des meilleurs pour cette rencontre explosive entre les deux villes. On peut également avoir des doutes sur la bonne disposition des places attribuées aux supporteurs des deux camps dans les tribunes, laissant craindre des incidents. Mais ce n’est pas de la compétence de l’OM ou de son Président. Au mieux, ce dernier peut exiger des mesures de sécurité supplémentaires, porter réclamation pour les places refusées. Au pire, il peut même refuser de jouer et déposer forfait. Mais, en aucun cas, il ne peut s’arroger le droit de transformer une rencontre de championnat en entraînement de décrassage pour son équipe de CFA.
Cette attitude, si elle se confirme, procède d’un manque de respect évident tant pour l’ensemble des spectateurs parisiens, qui ne sont pas tous des hooligans, que pour certains supporteurs marseillais qui, n’étant pas tous encartés ou membres d’un club fétiche, ne pourront se faire rembourser ni leur coupon d’entrée du stade, ni leur billet d’avion. Enfin, voir l’OM s’arroger en donneur de leçons, après avoir déjà tant « donné », et en dernier défenseur du supporteur modèle, après l’avoir déjà maintes fois « démontré » au stade Vélodrome ou ailleurs, a quelque chose d’extraordinaire. Car rien n’est vraiment résolu par ce coup de colère. Et cette manière d’emballer tous les problèmes dans une sorte de mauvaise bouillabaisse laisse poindre, à défaut d’arrière-goût, quelques… arrière-pensées.