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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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26 avril 2006 3 26 /04 /avril /2006 00:02

Tchernobyl, c’était aujourd’hui, il y a… vingt ans. Mais, comme une mauvaise farce, la plupart des journaux et médias ont devancé la date anniversaire, qui d’un jour, qui d’une semaine, voire d’un mois, comme si cette prétendue course tardive à l’information avait désormais une quelconque signification. On aurait aimé qu’ils aient été tout aussi prompts, jadis, à informer les citoyens quand le césium 137 envahissait les jardins.

Je m’en souviens très bien pour avoir été, à l’époque, un des rares à agiter le tocsin. A affirmer fort et clair dans les colonnes de « Presse-Océan » et de « L’Eclair », un mois après la catastrophe, que le nuage radioactif, loin de s’arrêter à la frontière, avait déversé son poison sur une langue de terre très large s’étendant de Strasbourg à Ajaccio. Je revenais alors d’une enquête en Allemagne fédérale sur les opposants au nucléaire et j’avais été frappé par la réactivité des autorités sitôt la catastrophe connue. Tout avait été mesuré, étudié, noté et comparé, avec précaution et prudence, pragmatisme et méticulosité. Le phénomène avait été expliqué et commenté et j’avais pu ainsi écrire que les particules de césium 137, en se répandant sur notre sol, commençaient par s’enfouir profondément avant de remonter progressivement. Ce qui laissait présager, à terme, une forte contamination alimentaire par les racines, par l’herbe, par les champignons, puis par le lait...

Mais, contrairement à la RFA qui « fourmillait » de précautions, la France, telle la cigale, s’enivrait de déclarations apaisantes. Le professeur Pellerin, directeur du service central de protection contre les rayonnements ionisants, claironnait que la croissance de la radioactivité restait bien inférieure aux valeurs dangereuses en produisant des données incomplètes. Quant au ministre de l’Industrie du gouvernement Chirac de l’époque, Alain Madelin, il plastronnait de suffisance et d’assurance, avec toute l’autorité que confère l’ignorance.

Aujourd’hui, vingt ans après, tandis que le césium 137, dont la nocivité disparaît au bout de trente ans, est toujours à cinq centimètres de la litière végétale et empoisonne racines et champignons,  la France n’a encore fait ni lumière, ni justice sur ses dysfonctionnements. On ne sait toujours pas si ce sont les scientifiques d’Etat qui ont failli ou leurs supérieurs politiques. Si ce sont les uns qui se sont trompés ou les autres qui les ont muselés. Toujours est-il que les affections de la thyroïde, elles, se sont multipliées de façon anormale dans certains secteurs de l’hexagone, comme en Corse, et qu’elles sont encore sûres, hélas, de progresser. Pas comme… la vérité.

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