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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 01:05

Faut-il réintroduire l’ours dans les Pyrénées, les vipères dans le Cantal, les moustiques dans les marais du Languedoc et la bête dans le Gévaudan ? Quel mouche a donc piqué les autorités qui ont décidé un beau jour qu’il fallait « ressusciter » notre patrimoine naturel, quitte à importer des ours bruns de l’étranger ? L’argumentaire du ministère est, de ce point de vue, éloquent, même s’il est parfois déroutant. Dire par exemple que, « en préservant l’ours brun et son habitat, nous préservons aussi de nombreuses espèces animales et végétales tout aussi importantes », fait tousser tous les spécialistes animaliers. L’Etat nous ferait presque croire un instant que l’ours, en général, est un plantigrade herbivore qui préserve la nature des mauvaises herbes, dédaignant les moutons, le miel et les arbres fruitiers. Mais peut-être que l’ours slovène, que l’on savait nomade et carnassier, contrairement à celui des Pyrénées, est désormais « rééduqué », omnivore jusqu’à l’excès, par sa nouvelle citoyenneté. « Immigration choisie » dirait Nicolas Sarkozy.

Le même site Internet gouvernemental consacré à l’ours brun ne fait pas dans la mesure. Pour lui, c’est « d’abord pour des raisons éthiques que la sauvegarde de l’ours brun s’impose ». Tout en précisant, quelques lignes plus loin, que la survie de l’espèce dans le monde n’est pas menacée. Enfin, si l’ours slovène n’a qu’un lointain rapport génétique avec l’ours brun des Pyrénées, on fera comme si, le vrai « cousin » de ce dernier, l’ours suédois, étant vraiment trop dangereux.

La farce prend une tournure plus sournoise quand le rédacteur de la « pensée officielle » affirme que « la conservation de cette espèce répond également à une forte demande sociale »… Alors que l’on sait que les réunions de concertation sur le sujet ont surtout mis en lumière des oppositions et des boycotts massifs, à l’exception principalement de quatre communes de Haute-Garonne.

Personne n’ignore ainsi que les militants d’Arbas, si favorables à l’ours que cela en devient suspect, ne le verront jamais car leur commune est située bien trop bas dans la vallée.

On peut, dès lors, s’interroger sur tant d’acharnement. D’autant que la réintégration envisagée de cinq ours ne sera jamais suffisante pour régénérer la biodiversité. Les chercheurs américains ont en effet démontré qu’il fallait au moins une cinquantaine d’individus pour qu’une population de plantigrades soit viable. Enfin, Yves Coppens et Jean-Louis Etienne, qu’on ne peut taxer d’insensibilité sur le sujet, ont déjà expliqué la vacuité du projet. Mais, foin de toute raison, l’Etat s’obstine avec aussi, de son côté, quelques grands noms tel Hubert Reeves, nostalgique de son ours noir du Canada. Reste désormais au Conseil d’Etat le soin de trancher et d’autoriser ou non, mardi, les nostalgiques du passé à jouer, sous prétexte d’écologie, les… apprentis sorciers.

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commentaires

M
Le grand problème des \\\"réintroductions\\\" et des sauvegardes est que l\\\'homme ne tient aucun compte de l\\\'espèce en question et de ses prédateurs naturels...<br /> On a ainsi \\\"sauvé\\\" le héron gris cendré du lac de Grand-Lieu annoncé voici vingt ans en voie de disparition. À l\\\'époque, il fallait de bons yeux pour l\\\'observer. Il ne laissait jamais moins de 400 mètres d\\\'espace entre lui et l\\\'homme. Aujourd\\\'hui, au village de Passay, on en voit pêcher à moins de 30 mètres. Il n\\\'a plus peur de l\\\'homme. Et le problème principal est qu\\\'il s\\\'approche car il a faim... L\\\'espèce a tellement proliféré qu\\\'elle se \\\"monte sur les pieds\\\" dans son espace de prédilection. Ce qui l\\\'oblige à essaimer vers d\\\'autres horizons !<br /> Pour ce qui est de l\\\'ours. Le problème, à terme, sera le même. Il faut cependant noter qu\\\'il n\\\'est pas naturellement un \\\"bouffeur d\\\'hommes\\\" comme certains voudraient le faire croire. Il en a même peur (et on peut le comprendre quand on entend le bruit fait autour de sa réintroduction).<br /> Il faut une cinquantaine d\\\'individus pour sauvegarder l\\\'espèce ?<br /> Cela se fera naturellement si on fiche une paix royale à la douzaine de femelles et au trois ou quatre mâles qui se promènent dans la région. <br /> Les risques potentiels ? <br /> De mauvaises surprises pour les randonneurs inconscients se prenant pour les rois de la montagne. Néant pour l\\\'homme réfléchi et amoureux de la nature.<br /> Et les éleveurs de moutons ?<br /> Des \\\"loups\\\", plus intéressés par les subventions du ministère de l\\\'Agriculture que par la nature... Ils font moins de simagrées quand ils conduisent leur troupeau à l\\\'abattoir que lorsqu\\\'un ours (ou surtout des chiens errants, dont ils ne parlent jamais, mais bien plus nombreux à sévir) ont tué quelques bêtes. Une chose est certaine : le cours du mouton tué dans la montagne est plus élevé que celui tué dans un abattoir... Et leurs cris ont avant tout pour but de faire encore monter ce cours.<br /> Il devient urgent que l\\\'homme se regarde dans un miroir. Il est le principal prédateur de toutes les espèces et même de la sienne. Il serait temps qu\\\'il arrête de pleurer sur tous les sujets, prenne conscience de ses erreurs et agisse enfin avec \\\"raison\\\" puisque, à la différence des autres espèces, les philosophes le disent raisonnable...
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