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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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8 mai 2006 1 08 /05 /mai /2006 00:02

L’école doit redevenir un support d’éducation et de formation. L’idée n’est pas nouvelle. Mais elle mérite périodiquement de ressortir des archives. Elle figurait ainsi, déjà, dans le 12ème rapport du médiateur au président de la République et au Parlement, en mai… 1984. On pouvait y lire la dénonciation de cette « crise de valeurs civique et morale qui se manifeste tant chez l’enfant et l’adolescent que chez l’adulte par un développement de l’agressivité, de la violence, de la lâcheté devant cette violence, bref par l’égoïsme. A quoi s’ajoutent le laxisme, dont font trop souvent preuve parents et maîtres, et l’intolérance dont l’exemple vient parfois du haut ». Le rapport préconisait « la mise en œuvre d’une efficace initiation à la vie sociale, économique et institutionnelle »… se situant « dans le cadre d’une éducation globale de l’être humain » et ne se réduisant pas uniquement « à la vision étriquée du simple exercice des droits et de l’observance des obligations ». Le rapport affirmait enfin que « le système éducatif dans son ensemble devait s’ouvrir au monde socio-professionnel et économique avec détachements d’économistes, d’ingénieurs, de juristes, de sociologues, de politologues, de chefs d’entreprise et de responsables politiques et syndicaux dans les établissements ».

22 ans après, rien n’a changé et le rapport a été oublié. Ou, plutôt, tout s’est encore plus dégradé.

Un des grands problèmes de notre France d’aujourd’hui est que les enseignants restent toujours persuadés d’être les seuls à détenir le « savoir », le vrai savoir, celui qui grandit l’homme et ne l’asservit pas. Dès lors, ils refusent que d’autres qu’eux puissent transmettre ces multiples connaissances dont « ils » ont été privés par leur statut et dont ils n’imaginent pas, un instant, l’importance dans notre nouvelle société.

Les mentalités ont certes évolué, mais les réflexes demeurent et les habitudes perdurent. Ainsi, on fait encore expliquer aux élèves ce qu’est une profession de maçon ou d’astrophysicien par des conseillers d’orientation qui ne l’ont approchée que dans les livres ou dans les films. On s’obstine à vouloir se priver des richesses de l’expérience privée au profit d’une pensée unique et académique. Qui, par on ne sait quel magie, saurait tout sur tout et aurait réponse à tout sur rien. L’avenir est alors statistique et mathématique, philosophique ou linguistique. Bref, on veut nous faire croire que demain sera toujours « jules-ferryen » ou ne sera pas. Alors qu’il ne l’est déjà plus. Certes 80% des classes d’âge ont le baccalauréat, mais avec désormais deux fautes par phrases et un parler français qu’ils ne maîtrisent pas. Sans parler de l’anglais… Véritable performance scolaire qui, loin d’être une progression, confine plutôt à la régression.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les « valeurs » de la société soient rangées au rayon des « accessoires », entre cours de gym et expression picturale. Et encore ! A condition d’avoir le temps. Ou à la faveur d’un quelconque 10%. Mais à quoi bon s’obstiner devant autant de corporatisme, d’immobilisme et d’indécision. Pour avoir espéré éducation et enseignement à l’école, l’élève citoyen a désormais bien compris qu’il s’était trompé de filière. Et, pour avoir osé rêver que les enseignants pouvaient faire de la formation, l’homme risque de chercher encore longtemps son chemin à l’adresse de… l’ANPE. Alors il reste à imaginer l’Histoire. Celle de demain et de tous les citoyens. Avec, bien sûr, service civique…obligatoire.

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