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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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20 décembre 2006 3 20 /12 /décembre /2006 11:46

Chaque jour en politique amène, hélas, son lot de stupidités dans tous les camps. Prétendre ainsi, comme l’a fait lundi Nicolas Sarkozy, que, s’il est élu, plus aucun Sdf ne serait obligé de dormir sur les trottoirs sous deux ans relève de la chimère. C’est comme s’il avait prétendu que la terre s’arrêterait de tourner. Non pas tant parce que la terre ne peut se passer de SDF, mais parce que l’exclusion n’est pas toujours la conséquence mécanique d’un phénomène que l’on peut réparer « mécaniquement ». L’exclusion procède d’un cheminement compliqué qui, certes, peut trouver son explication dans une perte de travail ou un déchirement familial, mais peut aussi s’accompagner parfois d’un raisonnement ou d’un « irraisonnement » personnel. Dès lors, la tâche est plus délicate et confine à l’utopie. Il ne suffit pas d’offrir un logement à tous les SDF pour être sûr qu’ils l’occupent. Car la rue est quelquefois un aimant irrésistible pour ceux que la solitude oppresse ou que la « compagnie » terrifie. Nombre de places en foyers sont aussi inoccupées parce que des hommes et des femmes, pourtant dans le besoin, ont peur de cette promiscuité parfois agressive qui leur fait craindre les insultes, les bagarres, la saleté et le racket des maigres biens qu’ils possèdent.

Martin Hirsch, le président d’Emmaüs-France, a raison quand il parle d’objectif illusoire si l’on se contente de proposer des pansements pour cacher la misère là où il faudrait plutôt proposer des remèdes et des solutions. Il est pleinement dans son rôle quand il affirme qu’il faut s’attaquer désormais au problème des travailleurs pauvres qui viennent « gonfler » les effectifs des sans-abri. Car ils ne possèdent pas ce « revenu minimum d’existence » qui leur ouvrirait la porte d’un logement décent.

L’hébergement d’urgence est comme la société. Il a changé de visage. Il concerne aujourd’hui de plus en plus de jeunes et de femmes. Là où « jadis », il y a tout juste un « septennat », les moins de 24 ans représentaient 0,5% des personnes accueillies, on en compte aujourd’hui plus de 11%.

Mais la « communication » politique de droite et de gauche s’accommode mal de ces réalités qui dérangent. Elle a besoin de résultats tangibles et immédiats, d’images fortes qui réconfortent et d’objectifs qui rassurent. Elle n’est jamais aussi présente que lorsqu’il faut débattre sur les droits acquis et les régimes spéciaux. Car l’argent appelle l’argent et toujours en redemande. Mais, en vertu de ces droits et au mépris de ses devoirs, elle est alors désarmante et désarmée quand elle doit se confronter aux « abandonnés » de la vie. Elle répugne alors à voir ces tentes et ces attentes silencieuses qui témoignent chaque jour de ses gaspillages et de son échec… permanent.

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