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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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Citation du jour

sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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28 mars 2006 2 28 /03 /mars /2006 01:23

Les extrêmes trouvent toujours nourriture dans les périodes de crise. Chacun le sait, mais personne n’y prend garde. Il importe donc de combattre les idées simples qui ne sont, bien souvent, que l’expression simpliste d’arrière-pensées. Car il n’y a pas de solution toute faite qui puisse venir d’un seul homme, si grand soit-il. Qu’il s’appelle de Villepin, Sarkozy, Hollande ou Strauss-Kahn.

La réponse à la crise de société que nous connaissons actuellement ne pourra venir que de la société elle-même par un nouveau contrat d’adhésion populaire.

Tout individu a besoin d’un projet, d’une ambition. Mais le citoyen est en attente. On ne lui sert que des dénonciations. On ne lui propose que des combats ou des exclusions. On ne lui fait que des promesses de vague sécurité. Olivier Duhamel, politologue s’il en est, appelait cela en 1994, déjà, du « populisme ». A l’époque, il disait que le populisme fonctionnait au boniment et que le démocrate devait lui répondre « par l’argument ». C’est toujours vrai. Pourtant Milton Friedman estimait, quant à lui, que le « populisme », né de la révolte californienne des années 70, était un instrument nécessaire de rénovation. Le capitalisme, disait-il, « ne pourra être sauvé et les problèmes sociaux résolus qu’en modifiant radicalement les institutions de l’Etat ». Et, pour lui, nous devons faire en sorte que « le capitalisme repasse sous contrôle populaire, que la classe politique redevienne le censeur et non le complice de la bureaucratie »...

La vérité est sans doute entre les deux. Entre populisme et dirigisme. Car toutes les civilisations ont dû faire appel à l’effort de chacun pour bâtir des pyramides, des cathédrales et des sociétés. Et non l’inverse. Nul ne doit avoir peur d’avancer ou de refaire le monde, pour peu qu’il propose des solutions qui s’appuient sur l’homme et les nouvelles générations. Ce qui devrait finalement conduire tout le monde, les faiseurs de miracle comme les faiseurs d’illusion, les pourvoyeurs de contrats aidés comme les technocrates de la précarité, à revoir leur… copie.

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27 mars 2006 1 27 /03 /mars /2006 17:23

Jean Lassalle est épuisé. Sa grève de la faim l’a amaigri. Le député parle encore, mais de moins en moins fort. Son combat l’achève à petit feu au milieu des curieux. Le Tartarin des Pyrénées n’a désormais plus la force de raisonner, encore moins celle de s’arrêter. Mais le pire est sans doute qu’il n’a plus rien à prouver au sein d’une société qui n’est plus celle des grandes solidarités ou des accents de fraternité.

Quelles que soient ses idées, ou les nôtres, il aura démontré son amour du pays et son attachement à sa vallée. Quelle que soit la démesure de son action, ou notre absence de réaction, il aura fait preuve d’une volonté et d’une détermination qui méritent bien d’être saluées. Mais, aujourd’hui, le courage, le vrai courage est ailleurs. Il n’est plus chez lui, mais chez les autres. Il est de l’aider à s’arrêter. De le convaincre de recommencer à s’alimenter pour nourrir au moins l’affection des siens, à défaut de celle de la Nation, des industriels ou des autres parlementaires.

Car le député Jean Lassalle s’est désormais trop engagé pour stopper de lui-même. Il s’est trop investi pour accepter de capituler. En bon montagnard de cœur, la tête près du béret, il s’imagine peut-être encore naïvement que la solution à l’emploi de sa vallée passe par le sacrifice de sa santé.

Ah ! bien sûr, comme on aurait aimé qu’il ait trouvé la bonne idée, le rémède en quelque sorte à toutes les délocalisations, présentes et à venir. Il aurait, dès lors, suscité nombre de vocations et découragé… quelques implantations. Ainsi plus personne n’aurait eu à redouter désertion ou désertification. Mais c’est bien aussi pour cela qu’il ne peut pas gagner.

Tout comme il ne peut pas perdre. Car perdre dans son cas, cela voudrait dire mourir et ne servir à rien, ni aux hommes, ni à sa vallée, ni aux siens. Ce serait risquer d’être aujourd’hui célèbre et anonyme demain. Ce serait vouloir être inutile à jamais pour avoir défié japonais, tel un kamikaze béarnais.

Alors que l’on a toujours besoin d’un Jean Lassalle quelque part. Pour nourrir les paradoxes. Et vouloir autant garder les usines à la montagne que mettre… les villes à la campagne. Tel Alphonse Allais pour qui « croire que les suicidés sont les habitants de la Suisse » était d’abord et avant toute chose « le comble de l’erreur… géographique ».

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26 mars 2006 7 26 /03 /mars /2006 00:00

Il en est des sondages ou des études comme des comportements. Il en existe qu’on aimerait cacher aux yeux du monde car ils modifient en profondeur l’image que l’on voudrait donner de soi. Ainsi la France apparaît-elle aujourd’hui comme un pays sale et dépassé, aux habitants mal embouchés, éternellement râleurs et manifestants. Et il ne se passe pas un jour, dans la presse anglaise, sans que nos compatriotes ne se fassent montrer du doigt. Avec force pourcentages. Nous sommes tour à tour accusés de nous mettre les doigts dans le nez et de ne pas nous laver les mains. D’être si peu distingués et volontiers grossiers. Quant à notre Président, qui a refusé d’écouter un discours en anglais, il passe, selon les dernières estimations, pour un vieillard rétrograde et mal élevé. Enfin, les éditorialistes de sa Majesté déconseillent aux touristes de venir nous fréquenter, laissant croire qu’à Bagdad les amoureux du printemps seraient plus en sécurité.

Heureusement, la perfide Albion n’est pas en reste et apparaît bien dénudée à la lecture de quelques particularités bien senties. Ainsi, une étude du « Post Office », publiée cette semaine, nous apprend que près d’un tiers des Britanniques avouent passer des coups de téléphone dans le plus simple appareil. Et, ce qui est sans doute, chez eux, le comble du paradoxe, près de 27% des « p’tites anglaises » s’épanchent ainsi dévêtues auprès de leur combiné. Ce qui est loin, n’en déplaise à nos histoires de postillons ou de mauvais garçons, d’être un gage de propreté ou de bonne éducation. La morale de cette révélation est sans doute qu’il faut mieux laver son linge sale en famille. Et s’abstenir de critiquer trop fort chez les autres ce que l’on n’est pas sûr de parvenir à cacher chez soi. Car on pourrait aussi pousser plus loin le bouchon et ainsi révéler que, selon un autre sondage, un Britannique sur dix admet porter les mêmes sous-vêtements plus de trois jours de suite. D’aucuns avouent même enfiler leurs sous-vêtements à l’envers pour les porter un jour de plus. Comme notre bon roi  Dagobert.

Bref, question hygiène et propreté, les Anglais peuvent aller se rhabiller. D’autant que cette même étude, commandée par un fabricant de lessive, nous apprend que, pour combattre les mauvaises odeurs, près de 20% des gentlemen aspergent leur slip et leur tee-shirt d’après-rasage. Et dire que nous les croyions seulement mieux… rasés.

Ah ! combien dérisoire apparaît cette éternelle compétition entre béret et chapeau melon. Mais quand les secrets de famille sortent ainsi des maisons et s’étalent dans les rues, c’est au moins la preuve que l’on est entré dans l’heure d’été. A Londres comme à… l’étranger.

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25 mars 2006 6 25 /03 /mars /2006 02:22

A quel jeu joue-t-on ? Comment peut-on décemment inviter la veille les syndicats à venir dialoguer « sans a priori » et n’avoir, en fait, rien à proposer le lendemain ? A quoi cela sert-il de prôner ainsi, et pour la seconde fois en huit jours, une « vraie-fausse » décrispation si elle consiste seulement à se faire photographier en bonne compagnie ? Enfin, comment peut-on ouvertement se réjouir qu’une « première étape » ait été franchie, façon méthode Coué, alors que tout semble indiquer que chacun est resté sur ses positions ? L’heure n’est pourtant plus à la politesse des faux-semblants ou à la tartufferie des communiqués.

Dès lors, le sourire béat du Premier ministre, hier, à sa sortie de Matignon, avait quelque chose d’inquiétant. Dominique de Villepin semblait en effet satisfait, comme quelqu’un qui a réussi un bon coup, accompli une prouesse exemplaire ou résolu une crise de première importance. Alors qu’il n’est simplement  parvenu qu’à appâter, et décevoir d’autant plus, des partenaires sociaux qui jurent désormais que l’on ne les y reprendra plus.

Au jeu d’échec particulier imposé par le chef du gouvernement, on a désormais l’impression que les cartes sont biseautées. Que l’essentiel, hier, n’était pas tant de renouer des relations que de jauger l’adversaire et l’amener en terrain découvert. Pour essayer de sentir celui qui allait craquer le premier, celui qui allait faire la faute et se disqualifier. Pour amener « l’autre » à dire le mot de trop, refuser la main tendue ou apparaître comme l’éternel va-t-en-guerre. Bref, il importait de reprendre contact pour pouvoir espérer dénoncer, demain, celui qui prendrait la responsabilité de défier la prétendue « bonne volonté ».

On se serait cru au jeu de go, en pleine stratégie de conquête. Un pion en avant, un pion en arrière. Avec, pour couronner le tout, quelques minutes avant l’entretien, cette déclaration du Président, venue de… l’étranger, qui ferme toutes les portes de sortie imaginées et affirme que la loi sur le CPE doit s’appliquer. Histoire de tout verrouiller.

Comment s’étonner, alors, que les principaux syndicats étudiants et lycéens aient décliné, hier tard dans la nuit, l’invitation à venir ce midi à Matignon. Car, à voir leurs « aînés » ainsi manipulés, ils ont sans doute définitivement perdu en illusions ce qu’ils ont gagné en maturité.

Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont donc choisi délibérément l’affrontement. Pariant sur la primauté finale de la loi républicaine sur celle provisoire de la contestation. Mais, à force de jouer « à qui perd gagne », ils s’exposent aussi à tout coup, voire à tous… les coups.

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24 mars 2006 5 24 /03 /mars /2006 00:00

Les présidents d’université l’ont, hier encore, interpellé. Mais Jacques Chirac est vraiment désolé. Il est retenu à Bruxelles pour discuter sur l’énergie. François Hollande a bien appelé son arbitrage. Mais le Président de la République est déjà au chevet de la Communauté. Il aurait bien voulu s’en mêler, mais il a été coincé par son calendrier et d’autres chantiers. Pas question pour autant de se désolidariser de son Premier ministre dont il est très content. Et qu’il soutient vivement et même « sans réserve », de préférence de… l’étranger. Ainsi, le 14 mars dernier, à Berlin, en marge du sommet franco-allemand. Ou lorsqu’il est avec un invité de marque comme lundi dernier, à Paris, avec le roi Abdallah II de Jordanie.

Mais pas question de trop s’impliquer. N’est pas De Gaulle qui veut. Et, surtout, Jacques Chirac veut finir son mandat comme il l’a commencé. Au dessus de la mêlée, comme au premier jour. En recours suprême et en dernier secours. Pour le reste, advienne que pourra.

Le chef de l’Etat est ailleurs. Et de cette étrange absence, il fait presque un point d’honneur. Car il est vrai que, du CPE, il n’a jamais eu l’idée. Et puis, ayant déjà payé une fois l’erreur de de Villepin, il n’a aucune envie de recommencer.

Jacques Chirac aime les jeunes et la fermeté. Mais il est aussi pour la grande fraternité. Comme celle qui lui permit un jour de retirer le projet Devaquet. Il se réjouit donc depuis hier soir, de savoir que tout le monde va aujourd’hui s’asseoir à la même table et pouvoir enfin parler la même langue. Contrairement à Bruxelles… Enfin il se réserve toujours la possibilité d’intervenir en dernière extrémité. Et même, si besoin est, après le Conseil Constitutionnel. L’article 10 lui donne en effet, pendant 15 jours, la possibilité de renvoyer la loi devant le Parlement pour une nouvelle délibération. Ce qui nous reporterait fin avril ou à la mi-mai. Mais d’ici là, le président de la République espère bien que les esprits se seront apaisés. Car il est attendu ici ou ailleurs. Depuis le début de l’année, il a ainsi enchaîné la Thaïlande et l’Inde en février, l’Arabie Saoudite, l’Allemagne et la Belgique en mars. Aussi, pas question pour lui de se laisser bloquer en avril par la rue ou l’université. Car si les étudiants et les manifestants défilent, crient et chantent près de l’Elysée, Jacques Chirac, lui, porte la parole de la France à… l’étranger  

 

 

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23 mars 2006 4 23 /03 /mars /2006 00:00

Politiquement, le plus à plaindre dans cette affaire du CPE est sans doute Nicolas Sarkozy. Il se voit pris chaque jour, à son corps défendant, dans l’engrenage du mécontentement. Et il rage sûrement de voir s’émietter, chaque soir un peu plus, la cote de popularité de la majorité. Et lorsqu’on l’aperçoit, ainsi tassé comme hier sur son son siège à l’Assemblée, on ne peut que s’apitoyer. Car, forcé de se taire au nom de la discipline gouvernementale, contraint de soutenir Dominique de Villepin sur tous les gradins, il boit jusqu’à la lie le calice de la solidarité. Oh, il tente bien d’infléchir le jusqu’auboutisme de son voisin par quelques confidences bien senties. Il envoie même quelques preux chevaliers, tel Hervé de Charrette ou Patrick Devedjian, plaider la cause de l’apaisement et amorcer des rapprochements. Hélas, en pure perte pour l’instant.

Mais jusqu’où Nicolas Sarkozy peut-il accepter que le Premier ministre réclame ainsi son sacrifice ? Jusqu’où le ministre de l’Intérieur peut-il consentir à soutenir l’autorité de Dominique de Villepin au nom de l’UMP ? Ces deux questions sont au cœur des réflexions du « futur éventuel déjà candidat » à l’Elysée. D’autant qu’il se retrouve en quelque sorte otage des deux côtés. Contraint de maintenir l’ordre sans multiplier les tensions. Obligé d’apaiser sans désavouer les raideurs du chef du gouvernement. Empêché de procéder aux expulsions des facultés pour éviter d’aggraver la situation.

Bref, Nicolas Sarkozy est tenu aujourd’hui de travailler à contre-courant de ses pensées comme de ses ambitions. Lui qui rêvait de pouvoir dire « je suis chargé d’un service public et je ne tolèrerai jamais que les usagers soient privés des services que je dois leur assurer », comme l’avait fait en 1934 Georges Mandel, est actuellement contraint de patienter. Et de renier cet autre lui-même, biographe éclairé de l’ancien ministre des PTT.

Désormais Nicolas Sarkozy doit se borner à constater que les lycéens n’ont plus de lycées, que les étudiants quittent les universités bloquées et que, dans les gares, les voyageurs espèrent que leurs déplacements ne seront pas trop perturbés. Comme les syndicats, il attend son heure tout en souhaitant qu’en intervenant plus tard, il ne soit pas… trop tard.   

 

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22 mars 2006 3 22 /03 /mars /2006 01:47

Qui a fêté, hier, la journée contre le racisme ? Personne. Qui s’est vraiment soucié du rapport remis au Premier ministre ? Pas grand monde. Pourtant, il y avait de quoi s’inquiéter en lisant, d’après le sondage effectué par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), que près d’un Français sur trois s’avouait raciste. Il y avait même de quoi s’alarmer en constatant que cette proportion était en augmentation de 8% par rapport à 2004. Mais il faut raison garder. Car ce sondage a été effectué en novembre dernier. A l’heure des émeutes des quartiers. Au milieu de toutes ces peurs irraisonnées qui font souvent confondre explosion des cités avec révolte des communautés. « Vulgaire » photographie éphémère d’un phénomène de masse. Voire...

Et s’il est vrai que deux récents faits divers ont tristement défrayé la chronique, il n’en est pas moins réel également que les violences et menaces racistes ont diminué de 22% en 2005 par rapport à 2004. Mais à quoi bon pavoiser quand on sait qu’elles ont été multipliées par cinq en treize ans.

Malheureusement, chacun sait que les tensions religieuses ont aggravé les relations entre les communautés et que l’exclusion, qui a frappé en priorité les populations immigrées, touche désormais toutes les couches de notre société. Bref, qu’il faudrait peu de chose pour relancer jalousies et rivalités séculaires. Comme si la misère était question de couleur de peau. Ou comme si la négation de l’autre était plus cher payée.

La faute en est sans doute aux hommes qui en sont encore à traquer le racisme « ordinaire ». A vouloir combattre les maux sans s’attaquer à l’ignorance. Car ils ne savent toujours pas comment dénoncer ces « crimes contre l’humanité ». Ou crimes contre « l’hommerie », selon le terme réinventé par Albert Jacquart. Alors qu’il suffirait peut-être, comme lui, de faire appel à la génétique pour faire comprendre aux hommes qu’ils font tous partie, contrairement aux animaux dont ils énumèrent les races, de la seule et même espèce. Même si, pour certains d’entre eux, quand ils se conduisent comme des barbares, il s’agit de la … pire.

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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 00:00

L’enfant l’appelait « Papa »… Cette évocation, à elle seule, suffit à glacer d’effroi comme elle a plongé les jurés dans le désarroi. Quelques minutes auparavant, ils avaient eu à endurer la liste des sévices infligés à Dylan pendant quatre mois. Quatre mois de souffrances, de tortures, d’humiliations et de coups pour ce petit bonhomme de quatre ans.

Le garçonnet aimait sa « maman ». Au point de ne jamais se plaindre. Et cette dernière « avoue » qu’elle aurait voulu devenir institutrice de maternelle. Elle murmure même à la cour qu’elle « adore les enfants ». Au point de livrer le sien à la violence sans limites de son concubin...

L’imagination du bourreau de Dylan donne la nausée. Celle des plaintes de cet enfant martyr fait pleurer. Morsures, brûlures de cigarettes, ingestion d’excréments et coups multiples à en mourir ont été son quotidien pendant plus de 120 jours. Hier, devant les Assises du Bas-Rhin, l’air était irrespirable et l’acte de mise en accusation malsain. Tout sentait l’horreur, l’ignominie, l’abandon, la lâcheté et la méchanceté.

Comment peut-on avoir 19 ans  et faire autant de mal à un enfant?

Comment peut-on avoir 23 ans et accepter de voir son fils mutilé, torturé, déchiré, écartelé sans jamais s’interposer? Ce sont les deux questions principales auxquelles devront répondre les jurés. Et ils n’auront pas trop de deux semaines pour admettre qu’il puisse y avoir des arguments pour l’expliquer. Mais expliquer n’est pas comprendre. Et personne, pas même les avocats de la défense, ne pourra les convaincre que Dylan est mort par accident.

Ce petit garçon de quatre ans est allé « rejoindre » les statistiques de l’enfance maltraitée dans notre pays. Il redonne, hélas, un prénom à tous ces chiffres qui, chaque année, « comptent »  la souffrance de près de 20.000 enfants. En oubliant parfois d’ajouter qu’ils sont aussi près de 68.000 à courir de grands risques. Et que, en tout, ils forment l’équivalent d’une ville entière en danger. Mais ce chiffre est encore trop « impersonnel » pour être vraiment imaginé. Alors, il faut se dire que chaque jour, en France, près de 250 Dylan sont martyrisés. Et s’en révolter plus que s’en… excuser.

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20 mars 2006 1 20 /03 /mars /2006 00:00

« Gaz à tous les étages ». La formule a un peu vieilli et ne figure plus guère au fronton des immeubles comme jadis. Elle avait pourtant ce « parfum » de modernité qui fleurait bon la reconstruction d’après-guerre. Elle démocratisait le confort et l’assurait aux particuliers pour « pas cher ». Le gaz remplaçait le pétrole et la chaudière à bois. Il allait faire reculer la misère sous tous les toits. Ce n’est, hélas, plus le cas aujourd’hui. Car le gaz n’est plus vraiment une énergie. C’est devenu une monnaie d’échange, de pouvoir et de spéculation. Et s’il augmente encore à partir du 1er avril, ce ne sera ni en raison d’une éventuelle pénurie ou de travaux sur le réseau, mais en fonction du prix proposé pour l’action.

Gaz de France, dans sa course au profit et sa perspective de fusion avec Suez, doit désormais choisir entre le consommateur et le boursicoteur. Mais ce dernier semble avoir de très loin la préférence. Et, pour le convaincre et l’appâter, il faut faire monter les cours pour les ajuster et les mettre à parité sur ceux de Suez. Bref, pour bien faire et finir de rassurer les marchés, il faudrait augmenter les prix de 16% avec une première hausse dès la semaine prochaine.

Bien sûr, le discours officiel est tout autre et le patron de Gaz de France affirme que la société « ne peut vendre au dessous de ses coûts ». Mais l’argument paraît bien fallacieux quand on sait que l’entreprise publique a enregistré, l’an dernier, des bénéfices historiques avec un résultat net de près de 1,7 milliards d’euros, soit en progression de 29%. Quant au dividende par action, il est en hausse de 48% par rapport à 2004, ce qui se passe de tout commentaire. On ne peut faire moins… misérable.

La faute en revient, bien sûr, au pétrole sur lequel le prix du gaz est indexé. Mais si tout le monde a dénoncé cette indexation, personne n’a encore trouvé le moyen d’y mettre fin. Pas étonnant, dès lors, que le ministre de l’Industrie soit bien embarrassé. Thierry Breton,  qui avait déjà freiné les « appétits » du Président de Gaz de France,  Jean-François Cirelli, en novembre dernier, en ne lui accordant que 3,8% de hausse, puis en gelant les prix au 1er janvier dernier, s’interroge encore sur l’opportunité d’une nouvelle augmentation. Mais, après avoir déjà « triché » avec la vérité des prix, il sait qu’il n’a plus, aujourd’hui, d’autres issues que de laisser faire ou d’augmenter encore la facture différée. Sauf à refuser de privatiser… le Gazier.

 

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19 mars 2006 7 19 /03 /mars /2006 00:00

La sécurité n’est désormais plus vraiment assurée. Ni celle des étudiants, ni celle des policiers. Ni celle des commerçants, ni celle des universités. Hier comme jeudi, à Clermont-Ferrand comme à Rennes et à Paris, des éléments incontrôlés ont profité du désordre pour en rajouter. Chaque nouvelle manifestation apporte ainsi son lot de violences, de dégâts et d’interpellations. Chaque protestation est suivie d’affrontements. Et plus la crise se prolonge, plus la France est à la merci d’une bavure ou d’incidents plus graves. Même si toutes les précautions semblent prises et que les policiers en sont les premiers avertis, restant à tout jamais marqués par la mort de Malik Oussekine, matraqué à mort en décembre 1996 pour avoir critiqué le projet Devaquet. Pourtant, l’Etat semble s’enfermer dans une tour d’ivoire de dénégations et d’appels tardifs au dialogue. Comme si le gouvernement jouait sur le pourrissement. Comme si Dominique de Villepin pouvait encore espérer que, demain, les syndicats professionnels et étudiants, de guerre lasse, viennent frapper… à son bureau. Comme si l’appel de la légalité, le CPE faisant loi, devait finir par faire rentrer tout le monde dans le droit chemin.

Mais, quoiqu’il arrive désormais, le CPE n’existe déjà plus pour personne. Ni dans les faits, ni dans la forme. Ni dans l’histoire, ni dans les esprits. Les jeunes et les étudiants n’en veulent pas, les présidents d’université l’ont désavoué, les parents d’élèves l’ont rejeté. Et même la majorité se lézarde à son sujet. Nicolas Sarkozy prend de la distance avec la rue de Varennes. Jean-Louis Borloo plie sous la tâche qui est la sienne. L’ambiguïté du CPE l’oblige à contrôler ou démentir ses propos. Demain, plus un patron n’osera prononcer ce mot.

Le CPE était mal né, il est d’ores et déjà enterré. Mais ses funérailles ne se passent pas dans le calme et la dignité. Opposants décidés par milliers d’un côté, « réflexion » prolongée du Premier ministre de l’autre, le trouble profite au doute et aux extrêmes. Vitrines arrachées, atmosphère enfumée et voitures incendiées servent d’autodafé de la société. Hier, les syndicats ont posé un véritable ultimatum au gouvernement, lui donnant jusqu’à lundi pour réviser son jugement, le contraignant bientôt à ne plus parler du CPE que sous le manteau. Pour avoir refusé de le retirer… plus tôt.  

 

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