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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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16 février 2006 4 16 /02 /février /2006 00:00

Si « gouverner, c’est prévoir », comme le disait Emile de Girardin, on ne peut pas dire que le sommet de l’Etat nous en ait donné l’illustration ces derniers temps. Certes, Jacques Chirac est intervenu hier, mais il est intervenu bien tard, sinon trop tard. Et encore, il lui a fallu attendre, semble-t-il, la décision du Conseil d’Etat, pour reprendre la main d’autorité sur le Clémenceau, et l’avis de l’agence de sécurité sanitaire pour imposer, via son gouvernement, le confinement des oiseaux. Ce qui, pour le moins, traduit une prudence excessive dans l'action bien éloignée du sens commun des responsabilités.

Le sommet de l’Etat apparaît ainsi déjà tétanisé à un peu plus d’un an de l’élection Présidentielle. Personne, parmi les prétendants, ne veut faire le geste qui fâche, prononcer la déclaration qui enflamme ou prendre la décision ultime. Chacun se réfugie derrière une haute autorité ou des experts en comités pour éviter d’avoir à décider. Ce n’est plus de l’extrême démocratie, mais la nième réédition du jeu…du parapluie. Il s’agit de se protéger avant tout. Des autres Présidentiables comme des Français. Et de tout. Des travailleurs indiens comme des poulets. Résultat : un fiasco de plus de quatre millions d’euros pour le Clémenceau, ce qui fait chère la dernière balade en mer, un ministre déconsidéré, et des mesures de précaution difficiles à gérer avec, en prime, des milliers d’éleveurs à indemniser.

Mais le plus triste est, sans doute, de constater que nos élites, quel que soit leur camp, ont été d’une commune incapacité ces derniers temps. Entendre aujourd’hui l’Opposition donner des leçons  de « navigation », alors qu’elle était restée fort silencieuse au départ du porte-avions de Toulon, a ainsi quelque chose d’indécent.

Tout cela est plutôt inquiétant. Car cela traduit un manque de renouvellement des hommes et des idées, un dysfonctionnement certain de l’énarchie et de ses générations spontanées. A croire qu’au petit jeu des familles du Pouvoir, qui se disputent la France depuis près de trente ans, il manquerait désormais plusieurs éléments, pas tant d’ailleurs le père, la mère et les enfants que des qualités tels la grandeur, le courage et… la capacité.    

 

 

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 00:00

Darry Cowl est mort hier à Neuilly, banalement, des suites d’une longue maladie. Son décès ne fera sans doute pas les grands titres aujourd’hui. Pourtant, son départ sonne aussi comme celui d’un morceau de notre vie. Nos enfants n’en ont sans doute jamais entendu parler ou si peu. Ils ne veulent même pas regarder « Le Triporteur » en dvd avec nous, « petits canaillous ». Il est vrai qu’André Darricau, tout comme ses réparties, avait un peu vieilli…

Oh! ce n’était ni un « monstre sacré », ni un grand homme. Ni modèle, ni élégant, ni prix Nobel, ni chien savant. Mais, avec son air ahuri et son bégaiement, il incarnait le rire populaire, franc et gaulois, à la Fernandel et à la Guitry, laissant à d’autres le second ou le troisième « niveau », nouvelle vague ou génération Bardot. Darry Cowl aurait pu tout aussi bien incarner le cinéma muet tant sa seule bobine suffisait à éclairer les visages. A faire rêver le comptable, à dérider le patron et à débrider l’ouvrier. On en oubliait les horaires postés, les rayons pas livrés et le salaire de misère. Il réconciliait en quelque sorte les classes sociales avec ses grimaces, son mégot au bout des lèvres et ses répliques à quatre francs six sous.

C’est vrai,  Darry Cowl ne mérite pas, sans doute, de si grands éloges ou de multiples compliments. Mais sa disparition fait naître tellement de nostalgie qu’il n’était pas si mal finalement.

Et la mort de ce comédien, coincée aujourd’hui entre une grippe aviaire qui menace et un Clémenceau qui recule, c’est aussi la fin d’une certaine France et d’une certaine idée de l’insouciance, la même que celle qui lui faisait jadis accepter de jouer n’importe quel navet pour assouvir sa passion du jeu. La mort de Darry Cowl, c’est la mort d’un artiste qui, après un émouvant dernier tour de piste, s’en va nous zozotant… « Banco! l'un perd et passe, c’est aussi ça la…vie ».

 

 

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14 février 2006 2 14 /02 /février /2006 00:00

Le « Tigre » risque de s’en retourner dans sa tombe. Comment ! Le bateau qui porte son nom obligé de battre en retraite! Une pirouette de 32.000 tonnes et puis s’en va… La figure ne serait pas glorieuse. Elle n’est pas encore certaine, mais elle se profile à l’horizon depuis que la Cour Suprême indienne a décidé, hier, d’interdire ses eaux territoriales au porte-avions Clemenceau, le temps d’une nouvelle expertise.

D’ores et déjà, et quelle que soit la décision finale, la France est disqualifiée dans cette affaire. Non seulement le ministère de la Défense a fait preuve d’une légèreté coupable dans ce dossier, mais il s’est en plus empêtré dans de sombres calculs de tonnage et de disparition d’amiante. Au point de passer pour un interlocuteur peu sérieux et, surtout, peu crédible.

Enfin, et pour enfoncer le clou, le Conseil d’Etat, qui doit se prononcer jeudi après avoir été saisi par plusieurs associations, devrait suivre les recommandations du Commissaire du gouvernement qui, hier, a demandé la suspension pure et simple du transfert en Inde de l’ancien fleuron de la flotte française. Finalement, ce serait d’ailleurs la meilleure décision et la meilleure solution pour permettre à la France de sauver la face. Cela éviterait même à Jacques Chirac, attendu dimanche à New Delhi, de faire valoir, en coulisses, quelques intérêts bilatéraux bien compris pour forcer la main de « nos amis » indiens.

Voilà en tout cas une affaire qui arrive fort mal à propos pour Michèle Alliot-Marie qui rêvait d’un destin national et qui se retrouve à faire des ronds dans l’eau. Pour n’avoir, sans doute, pas su méditer et retenir cette phrase du grand Georges Clemenceau « l’homme absurde est celui qui ne change jamais ». Pour n’avoir surtout pas admis que le seul avenir promis aux ouvriers d’Alang, dans les conditions actuelles, était de souffrir d’asbestose ou de mourir de mésothéliome. La vraie grandeur serait de faire demi-tour dès aujourd’hui et de se débarrasser ainsi d’un dossier empoisonné et empoisonnant. Moins sans doute pour les relations franco-indiennes que plus sûrement pour… les travailleurs indiens.

 

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13 février 2006 1 13 /02 /février /2006 00:00

L’heure n’est plus aux demi-mesures avec l’arrivée de la grippe aviaire, plus particulièrement du virus H5N1, en Grèce et en Italie, et la mort de plusieurs cygnes sauvages, ainsi que l’annonce de cas suspects humains au Nigeria. L’Europe s’apprête donc à prendre des mesures énergiques pour parer à toute éventualité. Et si l’Italie envisage même d’interdire complètement le transport des animaux dans un rayon plus large auprès des zones concernées, la France ne devrait pas être en reste. Il faut donc s’attendre, aujourd’hui ou demain, à l’annonce de mesures de confinement des volailles plus drastiques. Ce qui veut dire, en clair, un confinement des élevages étendu à l’ensemble du territoire national et non plus seulement à 58 départements.

Le problème, avec les autorités, est que plus elles dépensent d’énergie pour vouloir rassurer, plus elles… interpellent. Quant à la population, déjà échaudée par le fameux nuage de Tchernobyl qui devait s’arrêter aux frontières, elle n’ignore pas, quand même, que le propre des oiseaux est de pouvoir se déplacer. Sans égards pour les cordons sanitaires. Dès lors, tous les discours apparaissent une fois de plus très décalés. D’autant que l’agitation des autorités est plus que manifeste. Bref, si l’on voulait vraiment inquiéter, on ne s’y prendrait pas autrement. Tous les ministres sont de sortie, tant le ministre de l’Agriculture que celui de la Santé et celui des Affaires étrangères. C’est à qui aura sa petite phrase ambiguë, du style « il faut garder une vraie sérénité » de Xavier Bertrand à « il n’y a pas de raison d’être inquiet » de Dominique Bussereau. Quant à Philippe Douste-Blazy, il créé une force d’action rapide franco-allemande pour intervenir en Afrique…Car si le dogme est de rappeler que la contamination d’homme à homme ne s’est jamais produite « sur la planète », il n’en reste pas moins que des cas mortels du H5N1 chez l'homme ont déjà été diagnostiqués, notamment en Turquie et en Indonésie.

La grippe aviaire s’annonce déjà comme une calamité. Et de voir les ministres manger du poulet en public ne sera d’aucune utilité tant que nul ne sera en mesure de résoudre l’équation : comment protéger les humains sans risque pour la filière ? Ou... l'inverse.

 

 

 

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12 février 2006 7 12 /02 /février /2006 00:00

Sept opérations en cinq semaines !  Et aujourd’hui le colon amputé après avoir eu le cerveau trituré. Ariel Sharon n’est plus, désormais, que l’ombre de lui-même et il se débat de scanners en interventions sans jamais quitter un coma « presque » dépassé depuis le 4 janvier. Décidemment, cet homme aura été de tous les combats. Dans la vie comme dans la maladie. Mais on se prend quand même à s’interroger devant tant d’acharnement et si peu de pitié.

Qu’importe que le Premier ministre israélien ait toujours fait cavalier seul. Qu’on l’ait affublé jadis du titre de faucon ou de colombe pour mieux pouvoir le critiquer. Qu’on l’ait accusé de tous les crimes et même surnommé « le boucher de Beyrouth » pour avoir laissé les phalanges chrétiennes de Béchir Gemayel massacrer les camps de Sabra et Chatila, il mérite cependant de mourir dans la dignité.

Qu’importe qu’il représente encore l’ébauche d’une troisième voie au Proche-Orient, entre un Likoud extrême et des travaillistes tempérés, et que son évocation seule puisse décider du sort des élections du mois prochain, il y a quelque chose d’indécent à vouloir le faire ainsi peser dans l’urne. A le rendre arbitre malgré lui d’un scrutin sans merci entre Benyamin Nétanyahou, Amir Peretz et… Shimon Pérès son ami.

Ariel Sharon était un combattant. Mais pour quel profit lui fait-on, semble-t-il, aujourd’hui disputer la bataille de trop ? Celle d’une marionnette qu’il n’a jamais été ou celle d’un moribond qui n’en peut mais ?

Le Premier ministre israélien ne pouvait certes pas s’éteindre un jour de Sabbat, mais, quels que soient ses péchés, il est sans doute temps, désormais,  qu’il puisse mourir… en paix.

 

 

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11 février 2006 6 11 /02 /février /2006 00:00

Alors que chacun se faisait une joie de se mettre à l’heure olympique, et que la fête s’annonçait  belle entre Turin et Sestrières, l’ombre de l’EPO est déjà venue ternir la cérémonie d’ouverture des XXème Jeux d’hiver. Certes, le responsable du ministère italien, en révélant hier que des athlètes avaient été contrôlés positifs lors de tests inopinés, n’a donné ni les noms ni leur nombre, mais on ne se s’empêchera pas de penser que certaines médailles auront des goûts de pharmacopée. Et comme si la coupe n’était pas déjà pleine, on a appris également que huit membres des équipes de ski nordique seront absents, ce matin, des compétitions. Un Français, un Canadien, deux Biélorusses, une Russe, deux Américains et une Allemande médaillée d’or en 2002 ont été priés d’aller se rhabiller pendant cinq jours pour… raison de santé. Ratant ainsi les premières épreuves sans être sûrs de pouvoir disputer les secondes.

Officiellement, il ne s’agit que d’une « mesure sanitaire », une de ces mesures de « protection des athlètes » qui fleure bon la suspicion et entretient le suspense sur des taux d’hémoglobine trop élevés. Mais on a beau savoir que le taux d’hémoglobine peut varier avec l’entraînement en altitude ou s’aggraver avec la prise d’autres agents, on ne peut s’empêcher d’extrapoler. Et, alors que l’on voudrait saluer ce geste tout à la fois prudent et courageux de la fédération internationale de ski, on n’éprouve finalement que tristesse et déception.

Avec ces révélations, les Jeux d’hiver de Turin ne pouvaient débuter de pire manière. Elles prouvent que la compétition fait toujours rage entre produits dopants et produits masquants et que la palme de la victoire peut revenir au plus « intelligent » des compétiteurs, à défaut de revenir au plus ardent. Elles ruinent la confiance dans les performances et les exploits physiques en démêlant difficilement les athlètes authentiques des authentiques tricheurs.

Bref, elles montrent que, pour avoir laissé trop longtemps les apprentis sorciers du sport confondre les ampoules, on en est aujourd’hui réduit à tenter de rallumer la flamme en soufflant sur… la braise.

 

 

 

 

 

 

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10 février 2006 5 10 /02 /février /2006 00:00

Depuis hier soir, on peut considérer que les « acquittés » d’Outreau ont joué de malchance à Boulogne-sur-Mer. D’une double malchance. Et, parce que l’équité le doit à la justice, et vice-versa, on doit désormais tout autant s’interroger sur les « qualités » du Procureur de la République que sur celles du juge d’instruction. D’autant que Gérald Lesigne n’a pas, lui, l’excuse de la jeunesse.

Car il n’est pas acceptable d’entendre, comme ce fut le cas hier, un magistrat du parquet admettre, devant le rapporteur de la Commission d’enquête, qu’il a « transformé » un témoignage, puis qualifier simplement cette faute de « sémantique inappropriée ». Il n’est pas non plus tolérable qu’un Procureur ait requis tant de maintiens en détention sans jamais assister à une seule des confrontations collectives organisées par le juge. Enfin, il n’est pas recevable d’entendre un juriste, que l’on voudrait cartésien, évoquer, pour excuser le désastre, le « mythe puissant de la pédophilie… ». Voilà une construction de l’esprit qui pourrait prêter à sourire si cette « illumination » de la dernière heure du Procureur Lesigne n’avait pas conduit à tant de souffrances. Mais on a bien deviné que cette litote n’était que prétexte à décharge de responsabilités. L’argument aura sans doute moins de poids devant le Conseil Supérieur de la Magistrature.

Ainsi, en deux jours, la commission d’enquête parlementaire a découvert avec effarement des pratiques judiciaires bien éloignées du bon usage de la procédure et des comportements à des années-lumière de l’esprit des lois. Avec, pour couronner le tout, un semblant d’esprit de corps qui, du siège au parquet, du moins à Boulogne-sur-Mer, semble exclure tout repentir et se réfugier, « indépendance oblige » dans une sémantique de pacotille. On a, dès lors, bien du mal à croire Gérald Lesigne quand il plaide tout et son contraire. Quand il affirme que « les poursuites se fondaient sur des éléments formidables » et « que le pire serait de nier la présence de charges et de dire que ce dossier était vide ». Pour admettre ensuite sa conviction profonde dans les innocences prononcées. Mais il est vrai qu’il avait, dès le début de son audition, comme s’il en avait la qualité, pris sur lui « la souffrance du corps judiciaire dans son entier ». Et que ce dédoublement de la personnalité lui permettait tout à la fois de plaider sa bonne foi dans le dossier, puis de s’en… écarter.  

 

 

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9 février 2006 4 09 /02 /février /2006 00:37

Il n’est jamais bon de s’acharner sur un homme à terre. Mais force est de reconnaître que l’audition, hier , du juge Burgaud n’a en rien servi la vérité, ni redonné un peu d’humanité à une Instruction qui, décidemment, aura été « bâclée » jusqu’au bout. Certes, le jeune magistrat aura  reconnu des doutes et « peut-être », selon ses propres termes, « des erreurs d’appréciations », mais il n’aura jamais avoué… s’être trompé. Les pistes qu’il a suivies n’ont jamais été fausses, elles sont seulement revenues… « négatives ». Finalement, la sémantique apprise sur les bancs de l’ENM a eu bon dos. Elle lui aura permis en tout cas d’éviter les coups et de «survivre» à un désastre judiciaire qui ressemble de plus en plus à un fiasco personnel.

Mais, de cette débâcle, le grand public n’aura pas eu vraiment connaissance. Ou si peu. Car il aura fallu attendre l’extinction des lumières du direct par les chaînes généralistes et une heure bien tardive pour sortir Fabrice Burgaud de ses laborieuses réponses. Il aura aussi fallu toute la pugnacité du rapporteur de la commission d’enquête parlementaire pour sortir le juge d’une leçon bien apprise. Il aura fallu, enfin, aborder les deux dernières thématiques d’un ordonnancement bien policé, pour lézarder quelque peu le front bien lisse d’un magistrat qu’on aurait cru tout juste sorti du lycée. Dès lors, face aux questions sur ses méthodes d’investigation ou ses relations humaines, les silences ont été pesants, les non-réponses ont été criantes et les arguties procédurales, prononcées d’un ton mécanique, d’une pauvreté affligeante.

En près de sept heures d’audition, Fabrice Burgaud a montré un zeste de compassion et un brin de regrets. Mais, enfermé dans sa certitude d’avoir « effectué honnêtement » son travail, tout en assumant « totalement » la responsabilité de l’instruction qu’il a mené, il n’a, en réalité, formulé aucun remords ni, semble-t-il, imaginé un seul instant présenter des excuses. Ni aux « acquittés », ce qui est un peu inhumain, ni même, ce qui est plus effrayant, à la… société.

 

 

 

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8 février 2006 3 08 /02 /février /2006 00:36

La relative faiblesse de la mobilisation, hier, contre le Contrat Première Embauche (CPE) montre bien que l’heure n’est plus aux certitudes. Et que les clichés n’ont plus vraiment droit de « cité ». Aujourd’hui, pour la grande majorité des citoyens, ainsi que pour l’essentiel des jeunes en mal d’emploi, il semble bien que le pragmatisme doive l’emporter sur le dogmatisme. Ainsi que l’expérimentation sur l’exclusion. Alors il n’est pas étonnant qu’il y ait eu, hier, à l’exception de quelques milliers d’étudiants et de lycéens politisés et les traditionnels professionnels syndiqués, si peu de monde à battre le pavé. Même si d’aucuns accusent déjà les vacances scolaires, les prochains partiels et pourquoi pas la RTT, d’avoir « volé » à la jeunesse le loisir de manifester. Ce coup de semonce, à défaut de constituer une déferlante, n’en demeure pas moins un sérieux avertissement.

En déduire pour autant que le Premier ministre a gagné son pari serait une grave erreur. Dominique de Villepin doit, en effet, se garder de tout triomphalisme. Il a tellement promis dans cette affaire, autant à la télé que dans les travées de l’Assemblée, qu’un échec du CPE serait aussi le sien. Il sera donc jugé aux résultats. Et c’est sans doute mieux ainsi. Car s’il réussit, il n’aura plus rien à craindre de… Sarkozy. Ni des autres d’ailleurs. Pour la première fois, peut-être, depuis bien longtemps, un homme politique engage vraiment son avenir sur la réforme qu’il initie. Ce qui est sans risque et « pain bénit » pour la démocratie. Et, pour la première fois, peut-être, depuis bien longtemps, la population dans sa très grande majorité semble encore lui accorder un petit crédit. Ce qui est un progrès contre la démagogie. Toutes les démagogies.

Le CPE aurait-il des vertus consensuelles cachées ? Non, mais il est sans doute l’un des derniers recours pacifiques d’une génération tourmentée certes par l’exclusion, mais qui veut tout tenter avant de se… révolter.

 

 

 

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7 février 2006 2 07 /02 /février /2006 00:48

Les manifestations exaltées de ces derniers jours dans le monde musulman donnent raison avec tristesse à cette lecture de Guy de Maupassant : "le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. On lui dit "amuse toi". Il s'amuse. On lui dit "va te battre avec le voisin". Il va se battre. Puis on lui dit "vote pour la République". Et il vote pour la République".

    Le peuple devient ainsi lui-même, parfois, sa propre caricature. L'heure est alors aux manipulations de toutes sortes par des contrepouvoirs en mal de légitimité, instituant partout la précarité de situations comme la précarité d'opinions.
    Aujourd'hui, en France, cette précarité sera partagée dans la démocratie, dans la rue comme à l'Assemblée. Elle ne sera pas seulement celle, dénoncée et réelle, du contrat première embauche. Elle sera aussi celle du mouvement syndical lycéen, étudiant, ouvrier qui va vouloir se compter. Elle sera enfin celle d'un Premier ministre dont l'échec dans l'épreuve ne serait pas pardonnée. Dès lors, les enjeux de la journée dépassent  très largement la question du CPE. On en vient à l'épreuve de force politique où tout un chacun veut l'emporter. On en vient à oublier que le coeur du problème réside plus dans le manque de formation et d'expérience d'une jeunesse désorientée que dans l'absence de CDD. Que la première des faiblesses réside sans doute dans l'éducation. Et qu'il faut d'abord se battre pour... trouver une solution. 
    Reste donc à espérer que le chômage des jeunes, tel des caricatures, ne devienne pas, seulement, ici comme ailleurs, prétexte à guerre de... religion.
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