La situation serait-elle pire que ce que l’on pouvait imaginer ? On peut le craindre en lisant le rapport des Inspections de l’Education nationale et des Finances sur le temps de présence des enseignants devant les élèves. Ce rapport, en ligne depuis une semaine, sur le site de Bercy, parle notamment des « décharges » de cours, syndicales et autres, dont le coût équivaudrait chaque année à 1,65 milliard d’euros. Mais, plus grave encore qu’un chiffre qui n’effraye plus personne tant les gaspillages sont légions et incommensurables en ce pays gaulois, une telle dépense représente l’équivalent de 12.000 postes d’enseignants à temps plein.
On comprend, dès lors, un peu mieux la discrétion des médias, à l’exception hier du Figaro, sur le sujet. Car en parler, c’est forcément le dénoncer. Et le dénoncer, c’est forcément s’attirer les « foudres » de cette corporation qui brandit le livre des « Droits acquis » comme la sainte Bible d’une saine éducation. Ainsi donc, Claude Allègre avait raison, en son temps, de parler d’un « Mammouth » qu’il fallait dégraisser. Mais, après avoir eu le courage de l’évoquer, il n’a pas eu le soutien espéré pour le réformer. Pourtant, tout lui donnait raison. Le rapport dont on parle aujourd’hui, comme les multiples observations de la Cour des Comptes qui, chaque année, relèvent la gestion « fictive » de ce ministère. Et Gilles de Robien n’est pas mieux armé que l’ancien ministre socialiste. Il a pourtant à sa disposition le volumineux dossier de la Cour des Comptes qui, en 2005, estimait à 97.000 le nombre d’enseignants dispensés… d’enseigner.
Il est temps, également, de mettre un terme définitif à la légende qui voudrait faire croire que 15 heures exercées, pour les agrégés, et 18 heures pour les certifiés, équivaudraient à 50 heures travaillées par semaine, compte tenu des temps de préparations et de corrections. Car on voit mal pourquoi, dans ces conditions, toute cette cohorte d’éducateurs n’aurait pas réclamé le passage aux 35 heures et une nouvelle diminution des horaires. En final, les agrégés n’auraient plus besoin d’aller en cours. Quant aux certifiés, il leur resterait juste trois heures pour aller « bosser ».
Désormais, personne ne peut plus prétendre ignorer que notre système de l’Education Nationale a été perverti et confisqué par quelques-uns. Mais bien malin celui ou ceux qui pourront les déloger de ce pré carré sans révolution. Ils ont su, en effet, pour se protéger, distribuer à la grande masse des enseignants, que l’on veut croire honnête, quelques libéralités bien senties et autres avantages bien acquis. Aujourd’hui, ils vont tenter une nouvelle fois de « noyer le poisson », dénonçant tour à tour la prétendue vision comptable de l’Education, la pédagogie en danger et « la chasse aux économies ». Alors qu’il ne s’agit, avant tout, que de stopper… l’escroquerie.