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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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26 février 2006 7 26 /02 /février /2006 00:00

Le réveil a été difficile ce matin au Salon de l’Agriculture. Non pas tant parce que les exposants avaient la « gueule de bois » ou que les vaches et les taureaux étaient passablement énervés, mais parce que  tout ce beau monde était en retard sur l’horaire. Le coq n’avait pas chanté sur la Porte de Versailles et, pour la première fois de l’histoire de ce salon, le son de la pendule avait remplacé le caquetage des gallinacés.

Mais c’est ainsi. Pendant dix jours, il va falloir s’habituer à conjuguer veaux, vaches, cochons sans… couvées. A ignorer l’aviculture sans jamais cesser d’en parler. A manger des cuisses de poulet tout en se contentant de regarder les affiches.

Car, quoiqu’il arrive, et quelles que soient les performances de nos élevages de viande, la grippe aviaire sera au « menu » du salon. On l’a bien vu, hier, avec la visite du Président de la République qui a d’ailleurs été égal à lui-même. Compatissant pour l’Ain, encourageant pour les autres, Jacques Chirac a exhorté les Français à acheter du poulet, avec la même passion qui l’amena, jadis, via sa marionnette, à leur proposer des pommes. Il a ainsi distribué conseils culinaires et poignées de main salutaires, joignant le geste à la parole et consommant à pleine bouchée deux ou trois spécimens du pays de Bresse.

Plus vrai que vrai. On se serait cru chez les Guignols de l’Info.

Les professionnels vont devoir s’habituer à cette difficile absence aussi étrangement présente. Obligatoire à la pause déjeuner et inexistante dans les allées. Car, même s’ils voulaient l’oublier, ils seront, chaque jour, rattrapés par le poulet. Chacune des soixante personnalités annoncées voudra en effet y goûter et y aller de son propre couplet sur le sujet. On saura ainsi, par exemple, si Ségolène Royal préfère l’aile ou la cuisse, si Nicolas Sarkozy a une préférence ou non pour le croupion et si Jack Lang garde un faible pour la carcasse. Nul ne voudra être en reste. Nul ne sera avare de solutions. Et s’il y a fort à parier que, cette année, la croupe de la Charolaise sera un peu dédaignée, ce sera, espérons-le, pour la bonne cause, pour sauver tant la filière que... notre santé.

 

 

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25 février 2006 6 25 /02 /février /2006 00:00

Georges Frèche a finalement bien de la chance d’habiter le Languedoc-Roussillon et non pas le pays de la perfide Albion. Car il a pu ainsi insulter les harkis presqu’en toute impunité sans que nulle commission ne lui en demande raison ou ne lui inflige de punition. Alors que le maire de Londres, Ken Livingstone, lui aussi socialiste travailliste, exclu en 2000 puis réintégré en 2004, s’est fait suspendre un mois pour s’en être pris à un journaliste juif.

Certes, le Président de Région n‘en a pas vraiment fini avec cette affaire puisque le ministre délégué aux Anciens Combattants a saisi la Justice. Mais, d’ici quelques temps, ce dossier, si tant est qu’il soit jugé, sera oublié tout comme l’ont déjà été les multiples errements de ce Montpelliérain turbulent. Le bureau national du Parti socialiste a, bien sûr, condamné les propos « inacceptables » de Georges Frèche, mais avec une telle mollesse que cela frise parfois la dérision. Quant à parler d’exclusion, définitive ou temporaire, comme en Angleterre, cela relève encore de l’utopie dans notre pays. Même Maxime Gremetz, qui avait jadis fendu la foule avec sa voiture lors d’une réception en Picardie, avait été blanchi. Car, au royaume des élus, la France finit par tout pardonner, les condamnations comme les exactions, ou par tout oublier en vertu des intérêts supérieurs des… partis.

Il n’en est pas de même outre-manche où les Français ont découvert avec stupeur qu’il existait une Adjucation panel, sorte d’organisme indépendant chargé de juger le comportement des élus locaux. Et cette commission d’éthique a clairement et unanimement affirmé que le maire de Londres avait manqué de « sensibilité ». Ceci étant dit avec une pudeur toute britannique, mais avec une rigueur qui fait envie.

Car voir le baron Frèche s’esquiver après avoir traité les harkis de sous-hommes alors que Ken le Rouge écope d’un carton de la même couleur, pour avoir comparé un journaliste juif à un gardien de camp de concentration nazi, a quelque chose d’insultant pour l’esprit et la mémoire. Les deux propos sont, en effet, synonymes d’une même idéologie et ne méritent aucune excuse.

Il nous faut donc accepter, encore une fois, de recevoir une belle leçon de démocratie et de vrai respect républicain. Même si cela nous vient d’une… monarchie. 

 

 

 

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24 février 2006 5 24 /02 /février /2006 00:00

On ne peut qu’être révolté par la découverte en Lozère, hier, de poules pondeuses suspectes. Car les volatiles ont été retrouvés morts sur une aire de pique-nique, sur la commune de… Chirac, sans doute « abandonnés » par un éleveur ou un particulier soucieux de brouiller les pistes. Ou de faire dans la provocation. Au grand dam du département concerné et des autorités qui craignent de devoir tout surveiller, routes et poulaillers. Il n’en reste pas moins acquis qu’il va falloir éviter toute propagation du virus, tant par accident que par… malversation. Et sans demi-mesure. D’autant que, une fois de plus, la contamination a déjà déjoué toutes les prévisions géographiques. Ainsi, alors que l’on attendait la grippe aviaire dans le grand ouest, tous les regards concentrés sur les Landes, la Loire-Atlantique et la Vendée, elle est d’abord arrivée par l’est. Et en force. Et si le communiqué du ministère a fait état pudiquement d’une « forte mortalité », la réalité est encore plus sérieuse puisque plusieurs rumeurs ont déjà fait état d’une mortalité de plus de 80% dans cet élevage de l’Ain qui comptait près de 11.000 dindes. La totalité a d’ailleurs été détruite hier sans délai. Il reste que, aujourd’hui, à défaut d’être totalement sous contrôle, ce dernier département est désormais sous complète surveillance.Tant d’ailleurs pour ses canards, ses poules et ses œufs que pour ses dindes. Et l’on parle déjà d’étendre la vaccination au poulet de Bresse.

Mais, à ce propos, faut-il protéger ou détruire ? Il est des questions qui dérangent. Ainsi, alors que le gouvernement français, par la voix de son ministre Dominique Bussereau, s’est battu pour que l’Europe donne son feu vert à une vaccination, sous conditions, des volailles de quelques zones humides, certains éleveurs haussent la voix pour décliner la piqûre et lui préférer le confinement. Il fallait s’en douter. Car ces éleveurs craignent non seulement que le vaccin « tue » les exportations, mais qu’il puisse également tuer la… commercialisation en France. Car qui voudra, demain, consommer un poulet vacciné ? Qui voudra déguster des œufs de même provenance ? Avec grippe aviaire adoucie garantie, label de qualité et certificat vétérinaire approprié.

Les Français ont en effet retenu, depuis Pasteur, que le vaccin est « une culture microbienne à virulence atténuée que l’on inocule à un individu ou à un animal pour l’immuniser ». Alors, s’ils se félicitent que l’on songe ainsi à protéger les volailles, ils savent bien que ce n’est pas par pure générosité et pourraient redouter que cela n’aboutisse, comme en Lozère, qu’à brouiller… les pistes.

 

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 00:00

Ilan Halimi et Raphaël Clin sont morts pour rien. Mais si l’un bénéficie désormais de la compassion nationale, l’autre n’a même pas droit de citer sur les antennes ou si peu. L’un était jeune, aimait les jolies filles et la téléphonie, l’autre était sportif, aimait sa femme et la gendarmerie. L’un a été torturé sauvagement pendant trois semaines dans un appartement HLM de Bagneux, l’autre a agonisé plusieurs heures sur une route piratée des Caraïbes.

Tous deux ont été victimes de barbares sans pitié ni humanité. Antisémites peut-être, racistes sûrement et assassins au bout du chemin. Et la seule différence entre ces nouveaux scories du genre humain est sans doute que les uns ont pris une part active au drame alors que les autres ont attendu, voire souhaité, qu’il se produise. Dans un cas, ils ont tué et torturé volontairement, dans l’autre, ils ont assisté au « spectacle » et l’ont même encouragé. Qu’importe la couleur de leur peau ou l’alibi de leur communauté.

Mais, ce soir, alors que Dominique de Villepin et Jacques Chirac se rendront en délégation à la grande synagogue de la Victoire à Paris pour entourer la famille Halimi, Stéphanie Clin pleurera toute seule à Saint-Martin Marigot, avec sa fillette de 4 ans, la mort de son mari de 31 ans. Comme si l’indignation collective pouvait encore être sélective devant tant de sauvagerie. Et comme si l’on pouvait mettre en balance d’un côté le poids de l’intolérable antisémitisme primaire à Paris et, de l’autre, la légèreté du racisme « ordinaire » outre-mer.

Cette dernière banalisation n’est pas acceptable. Comme il n’est pas acceptable qu’il ait fallu neuf jours à notre Ministre de la Défense pour s’indigner publiquement, par un communiqué de presse, de la mort et des conditions de l’agonie de ce gendarme de la brigade de Marigot. Et comme il est inquiétant qu’il ait fallu toute l’émotion et les protestations d’une jeune veuve pour que la France métropolitaine puisse enfin apprendre, pour les plus attentifs, que Raphaël Clin était mort pour rien, sous les injures et les applaudissements d’une quarantaine de nos concitoyens des Caraïbes.

On savait déjà que racisme et barbarie étaient de toutes les couleurs et de tous les pays. On ignorait encore qu’ils pouvaient être distingués ou étouffés dans la même patrie, par crainte ou par… diplomatie.

 

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22 février 2006 3 22 /02 /février /2006 01:19

Entre grippe aviaire et chasse au « barbare », toute autre information apparaît bien dérisoire. Et pourtant ! Hier, hors des caméras et des effets de manche, l’Assemblée a voté à l’unanimité la proposition de loi sénatoriale renforçant la lutte contre les violences conjugales. Et ce texte qui concerne près de 2 millions de femmes en France, soit une sur sept, prend toute sa dimension quand on sait que, dans notre pays, une femme meurt tous les quatre jours des suites de violences au sein du couple. Comme Julia, morte sur le campus d’Orléans, Marie Trintignant, Sohane Benziane et tant d’autres… Ainsi, et définitivement, n’en déplaise à l’ancien Iman de Vénissieux, il ne sera plus considéré comme « normal » de battre son épouse, sa concubine ou même son ancienne conjointe. Certes, les violences entre époux étaient déjà condamnables, mais, cette fois, leur contexte « familial » sera en plus considéré comme circonstance aggravante.

Mais plus encore que le vote de ce texte, déjà évoqué en première lecture et « réajusté » selon le principe de la navette parlementaire, il nous faut retenir une petite révolution. Tous les députés présents ont en effet salué l’ajout par les sénateurs du terme « respect » dans la phrase traditionnelle, prononcée lors des mariages par les maires, stipulant que les époux se doivent mutuellement « secours, fidélité et assistance ». Car cet ajout, qui ne sera officiel qu’après examen par une commission mixte paritaire et nouveau vote au printemps, constitue en quelque sorte un aveu. Le respect n’allait donc pas de soi dans un couple, qu’il soit marié ou pacsé...

En fait, chacun sait bien qu’il ne va de soi nulle part dans la société actuelle.

Dès lors, on peut considérer que c’est un progrès. Presque un pas de géant. Ainsi, pour la première fois depuis bien longtemps, on va oser demander aux adultes ce que l’on désespère de faire entendre aux enfants. C’est un peu comme si la représentation nationale avait découvert que l’incivilité de la jeunesse passait d’abord, et en priorité, par l’éducation de leurs parents. Et non le contraire...

La société serait-elle en train de changer ? On peut désormais l’espérer. Reste à souhaiter que la loi soit rapidement votée et que l’on se donne aussi les moyens de la faire… respecter.

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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 00:00

Le Gouvernement s’évertue, par la voix de ses ministres de la Santé et de l’Agriculture, à vouloir rassurer tant les consommateurs que les producteurs de la filière avicole alors qu’il serait sans doute temps, enfin, de vraiment « communiquer » sur le Virus H5N1. C’est-à-dire d’indiquer les précautions à prendre pour acheter ou consommer sain et sauf. Et, en cas de besoin, savoir comment se protéger ? Les questions alimentaires sont, en effet, multiples et toujours, pour l’instant, mal traitées. Comment manger le canard ou le préparer ? Quelle cuisson pour déguster le poulet en toute tranquillité ? Peut-on encore manger des œufs mollets ? Ou du magret de canard en provenance d’Italie ? C’est vrai, il s’agit d’informations basiques, mais ce sont sûrement celles qui conviennent le mieux en de telles circonstances. En tout cas, ce sont celles qui intéressent en premier lieu les consommateurs, plutôt que les grandes incantations du style « mangez du poulet ».

Il en est de même pour les mesures d’hygiène. Car il ne faut pas croire que l’on fera déplacer les pompiers à chaque animal mort signalé. Alors comment faire ? Et, à défaut d’attendre une éternité qu’on vienne les récupérer, faut-il enterrer les oiseaux ainsi trouvés, les mettre à la poubelle ou faut-il les brûler ? Par ailleurs, chacun voudrait bien savoir ce qu’il en est des autres animaux domestiques. On sait déjà que la grippe aviaire du poulet peut se transmettre aux chats. Alors, peut-on encore sans risque caresser son minet favori, celui du voisin ou celui de la gouttière ? Les enfants doivent-ils être protégés de tout contact et porter des gants ? La grippe est-elle dans l’air ou dans l’eau ? Peut-elle se propager aux porcs, aux ovins ou aux bovins ? Par la chaîne alimentaire ou par une simple blessure?

Enfin, en ce qui concerne les professionnels de la filière, il serait sans doute temps que le gouvernement arrête de tout promettre de l’Europe avant même d’en avoir obtenu l’autorisation. Le beurre et l’argent du beurre. Des indemnités, des subventions de solidarité et des vaccinations à tout va qui pourraient tuer nos exportations. Ce qui s’appelle rassurer gratis ou simple effet d’annonce. Car Bruxelles a déjà fait savoir, hier, que l’on n’était pas dans le cas d’indemnisations prévues pour abattages « sanitaires » ou élevages contaminés et que la Commission ne pouvait guère donner son accord à des subventions d’Etat pour lutter contre la baisse des prix ou de la… consommation.

En fait, le gouvernement recherche vainement une communication « Virus mode d’emploi ». Qui n’est, hélas, ni au programme de Sciences Po, ni à celui de l’ENA. Et il s’entremêle entre principe de précaution et anticipation, entre pédagogie et démagogie, alors qu’on lui demande juste de l’information. De la vrai, de la pure, de la solide, de la logique et de la pragmatique, le reste n’étant que rideau de fumée et envolée de… Bussereau.

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20 février 2006 1 20 /02 /février /2006 00:00

Ingrid Betancourt « fêtera » dans quelques jours ses quatre ans de captivité en Colombie. Et, ce soir, au Bataclan, le tout-paris médiatique et politique en fera de nouveau un symbole de l’oppression et de la privation de liberté en Amérique latine. Ailleurs, hélas, son triste sort n’empêchera pas le monde de tourner, mais il devrait au moins l’amener à s’interroger un peu plus sur les péripéties de ce dossier. Car rien n’est vraiment très clair au royaume de Bogota, des Forces Armées révolutionnaires colombiennes et de Paris. Si l’on peut, en effet, comprendre qu’Ingrid Betancourt dérangeait en 2002, en tant que candidate à la Présidentielle, on peut tout aussi estimer qu’elle n’est plus d’aucune "utilité" aujourd’hui. Tant pour les rebelles que pour les autorités.

Reste que la France persiste à balbutier sa diplomatie dans cette affaire qui, pour certains de ses proches, a fait d’Ingrid Betancourt l’otage d’une « guérilla romantique », comme l’écrivait « Le Monde » le mois dernier. Il est vrai que le Premier ministre Dominique de Villepin est désormais bien embarrassé. S’étant fait remarquer d’étrange manière, en juillet 2003, quand, alors ministre des Affaires Etrangères, il avait affrété secrètement un « avion sanitaire » pour aller libérer son amie, il hésite à présent à prendre des initiatives. Quant à son successeur, Philippe Douste-Blazy, qui sera sans doute ce soir au Bataclan, il ne semble disposer d’aucun plan pour faire avancer le dossier. Il a tout juste en main le livre de Jacques Thomet, ancien directeur de l’AFP à Bogota, très critique envers la jeune et jolie franco-colombienne et les autorités françaises, mais pas vraiment générateur de solutions.

Ingrid Betancourt n’est pas le seul otage des FARC en Colombie. Elle partage le quotidien de près de 4.000 civils prisonniers de la jungle qui font, pour partie d’entre eux, l’objet d’un chantage à la libération de combattants et à la mise en place d’un territoire démilitarisé. Du moins tel qu’il est écrit officiellement puisque le Président Uribe n’hésite pas à rendre public le projet secret élaboré par la France, l’Espagne et la Suisse.

Il est vrai que le président Uribe n’entretient de liens d’amitié ni avec Ingrid ni avec les autres otages moins médiatisés. Il ne semble, par ailleurs, plus aussi pressé de négocier dès lors que sa réélection en mai prochain est… quasi-assurée. Qu’importe alors Ingrid Betancourt ou la guérilla !

 

 

 

 

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19 février 2006 7 19 /02 /février /2006 00:00

On attendait les grandes pointures et ce sont finalement les sans-grades qui ont fait, jusqu’ici, flotter les couleurs bleu-blanc-rouge lors de ces XXème Jeux d’hiver de Turin. On comptait sur les Joubert, Vittoz, Poirée, Montillet, Ruby et autres médaillés, et on a trouvé les Dénériaz, Defrasne, Baverel, Laoura et autres De Le Rue. D’authentiques champions, certes, mais revenus de blessures ou du diable vauvert par on ne sait quelle magie olympique.

Il n’est jamais bon d’être favori chez les Français. Car, alors, on n’en finit plus d’être harcelé, épié, interrogé. On ne parvient plus à s’isoler, à se préparer et à se concentrer correctement. Et que ce soit la faute des copains, des télés ou de la Fédé, le résultat est toujours le même. Décevant.

La France est ainsi faite, de dossards, de vantards et de "sacrifiants". Elle se cherche toujours des idoles et prétend à tous vents qu’elles le resteront éternellement. Elle rêve de grands espaces, de grandes choses et de grands hommes, s’imaginant toujours que lorsqu’un titre est conquis, il l’est pour la vie.

Il en est ainsi de la gloire comme des… avantages acquis. On s’y accroche même parfois par désespoir.

Heureusement, la flamme olympique n’aura pas que brûlé des illusions et consumé des ambitions. Elle aura aussi affûté des tempéraments, multiplié des énergies et révélé de vrais talents. Loin des projecteurs éphémères d’une notoriété incertaine et de leurs officiants qui, jamais, n’admettront leurs errements.

Et tandis que les lumières de la piste se détournent des vaincus pour illuminer les vainqueurs, d’autres savourent dans l’ombre la joie d’être à leur tour oubliés, de pouvoir s’entraîner en paix, et d’espérer, un jour, gagner la célébrité, à défaut de… l’éternité.

 

 

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18 février 2006 6 18 /02 /février /2006 00:00

Le conseil supérieur de la magistrature fait une lecture très personnelle des principes fondamentaux de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance des juges quand il estime que la commission d’enquête parlementaire a outrepassé son rôle dans l’affaire d’Outreau. Il fait de plus une interprétation très étroite de la théorie classique élaborée par le philosophe John Locke et Montesquieu. Mais c’est de bonne guerre. En interpellant, hier le Président de la République, le CSM exprime ainsi au grand jour le « traumatisme » des magistrats après les auditions du juge Burgaud et du procureur Lesigne. Et il rejoint les plaintes déjà exprimées par les deux syndicats de la corporation et par le premier président de la Cour de Cassation, Guy Canivet. Tous, en fait, manifestent leur crainte de voir la Commission Parlementaire se substituer à eux pour juger les dysfonctionnements d’Outreau et les erreurs manifestes des magistrats. Mais, ce faisant, tous, sans, semble-t-il, s’en rendre vraiment compte, mettent aussi en lumière l’ambiguïté de leur statut et l’impossibilité de se réformer eux-mêmes. Car de pouvoir judiciaire, en fait, il n’y a jamais eu en France depuis la Révolution. Pour la simple raison que tout Pouvoir, au sens constitutionnel du terme, ne peut procéder que du peuple souverain par la voie des urnes. Or les juges ne sont pas élus. C’est tout autant leur spécificité que le défaut de leur cuirasse. Dès lors, la Justice en France n’est qu’une autorité, une « autorité judiciaire », qui ne tire sa légitimité que des autres, du serment qu’elle prête et de sa nomination par décret par le Président de la république. Ce qui, somme toute, est un peu juste pour prétendre juger « au nom du peuple français » et refuser tout contrôle de ses vrais représentants, en l’occurrence les Parlementaires.

Le système judiciaire ne peut donc plus rester en l’état, s’il veut être tout à la fois compris et admis par le citoyen. Et si l’on ne veut pas de juges élus comme aux Etats-Unis, on doit alors accepter le contrôle d’élus.

Il n’y  pas si longtemps, mais il y a déjà six ans, Jean-François Burgelin,  Procureur général près la Cour de Cassation, admettait devant l’académie des Sciences morales et Politiques que le système français ne pouvait plus « être perçu en lui-même» et il plaidait pour « un pouvoir judiciaire crédible, c’est-à-dire ayant de solides bases démocratique et intellectuelle ». Il rappelait que seule l’onction populaire légitime l’exercice d’un pouvoir et il proposait, dès lors, de réformer le Conseil supérieur de la Magistrature afin qu’il soit composé de personnalités « élues au suffrage universel ».

On comprend, dès lors, que la protestation du CSM, hier, au président de la République, apparaît d’autant plus mal venue qu’elle le disqualifie de façon encore plus visible pour juger du désastre d’Outreau, tant sur le plan procédural que sur le plan disciplinaire. Et que, en réalité, il aurait mieux fait de se taire. Car si l’esprit de corps est admissible, il n’en est pas de même de l’esprit… partisan.

 

 

 

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17 février 2006 5 17 /02 /février /2006 00:00

L’Europe sera-t-elle capable, un jour, de dire son fait aux Etats-Unis? Comme une amie qui lui veut du bien. Et de condamner avec la même virulence les violations des droits de l’Homme d’Abou Ghraib et de Guantanamo Bay comme celles d’Afghanistan et de Tchétchénie ? On peut se poser la question en cherchant partout, aujourd’hui, les échos indignés de ses hautes personnalités après la publication, hier, du rapport de l’ONU concernant Guantanamo. Pourtant les conclusions de cette dernière sont sans ambiguïté. Les USA y sont « accusés » de traitements inhumains et de violence excessive. Et  l’ONU demande aux USA soit de juger rapidement tous les détenus qu’ils détiennent, soit de les libérer. Enfin, dans tous les cas de figure, les recommandations préconisent la fermeture de ce camp de détention, sorte de bagne de Cuba et capitale du non-droit.

Mais rien, hélas, n’est parvenu de la vieille Europe, ou si peu, une résolution du parlement européen, sorte de vœu pieux qui invite et réaffirme sans jamais exiger.

Où est donc passé ce fameux droit d’ingérence qui s’imposait à tous lors de la répression des étudiants de Pékin ? Et où sont cachés tous ces grands hommes qui ne manquent jamais une occasion de rappeler… Poutine à plus d’humanité ?

L’Europe a décidemment l’indignation sélective et la générosité à géométrie variable. Car il y a quand même quelque chose de paradoxal à défendre si fort les droits sociaux et si peu les droits fondamentaux. A s’insurger contre la directive Bolkestein et à s’incliner devant l’US Army. A moins qu’il ne faille distinguer entre salariés exploités et terroristes présumés, seuls les premiers étant des êtres humains.

Car comment accorder du crédit au démenti américain qui parle de ce rapport comme d’un « réchauffé d’allégations » ? Comment ne pas être troublé par toutes ces révélations qui montrent que la force aveugle fait loi à Guantanamo, hors des frontières et de tout contrôle ? Comment croire enfin, après la présentation par la télévision australienne de nouvelles photos des exactions d’Abou Ghraib, que les « prisonniers de guerre » des USA seraient mieux traités sur le littoral cubain que dans le désert irakien.

Hier, l’Europe a sans doute perdu une autre occasion… d’exister. Sauf à admettre, comme Ferrero, que « l’humanité marche à reculons vers l’avenir, les yeux tournés vers le passé ».

 

 

 

 

 

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