Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Information ou Communication
  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
  • Contact

Citation du jour

sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

.

Jean-Jacques ROUSSEAU

Agenda

 

 

Archives

7 avril 2006 5 07 /04 /avril /2006 09:38

Aux interrogations développées hier à la fin de "l'édito du jour", un fidèle lecteur a répondu par ces quelques mots :

"Seulement, le malheur"...

Terrifiant ! Non ?

Partager cet article
Repost0
6 avril 2006 4 06 /04 /avril /2006 11:09

MUR

Aujourd’hui, je suis en panne d’édito. Non pas en panne d’idées, mais en panne d’espoir et d’espérances. J’ai participé hier soir à une réunion très intéressante sur l’engagement de chacun et sur la « réforme ». Sur celle qu’il faudrait peut-être conduire en France pour amener la jeunesse d’aujourd’hui à aimer ce pays, à le respecter et à vouloir l’améliorer. Tant dans son fonctionnement quotidien qu’au travers de ses comportements. Mais, une fois de plus, le débat s’est déporté et… envenimé. Entre ceux qui veulent croire que la France d’aujourd’hui va aussi bien que celle d’hier et ceux qui pensent qu’il est plus que temps de se ressaisir et de voir les réalités. D’un côté, les uns estiment que l’on vit aussi bien qu’avant et qu’il n’y a besoin ni d’ordre, ni d’imposer. Comme si n’existaient pas les cinq millions de sans-emploi, les dettes publiques multipliées par cent, les affrontements à n’en plus finir entre public et privé, les disparités intolérables entre régimes de retraites ou de protection sociale, un système de santé de moins en moins assuré et une jeunesse de plus en plus précarisée. Et de l’autre, il y a ceux qui prônent une complète remise à plat des codes et des institutions pour redonner des règles, des modes d’emploi et des ambitions. Avec, en prime,  un dépoussiérage et un redécoupage complet des 36.000 communes, un véritable choix entre départements et régions, une vraie réflexion entre la nécessaire flexibilité de l’emploi et la protection des individus et, enfin, une réelle volonté de dépoussiérer un Etat tentaculaire et obèse, jusqu’à en éclater, qui n’assure plus rien à personne. Sauf peut-être à ses… employés, seuls désormais assurés de survivre dans une société toute entière paupérisée.

C’est à croire qu’il y a désormais deux « France » dans le même pays. L’une qui vit et s’arc-boute sur ses acquis et l’autre qui les cherche. L’une qui prétend que rien ne se fera sans contrat d’adhésion et l’autre qui affirme que rien ne se construira de bon sans une nouvelle révolution.

La solution est sans doute entre les deux. Entre la méthode Coué et la méthode forte. Entre l’immobilisme des « merci, je suis déjà servi » et le jusqu’auboutisme des désespérés de la modernisation. Mais comment remettre tout à plat en évitant l’affrontement ? Comment parler de tout sans provoquer des conflits d’intérêt ? Comment restaurer le bien collectif au détriment des corporatismes et des avantages particuliers ? C’est la seule et vraie question d’aujourd’hui. A laquelle ne peuvent répondre, visiblement, ni les syndicats, ni les partis, ni les patrons, ni les ouvriers. Et encore moins les fonctionnaires ou les seuls salariés ? Car chacun, aujourd’hui, est suspect. De ne parler que pour lui-même, à juste titre, et d’oublier toujours les autres, à juste déraison.

Alors, le défi est lancé. Qui aura demain la bonne idée pour reconstruire cette société dont nous rêvons ? Celle qui respecte les hommes et déjoue les ambitions. Qui saura et qui pourra détruire demain ce mur… d’incompréhension ?

Partager cet article
Repost0
5 avril 2006 3 05 /04 /avril /2006 00:00

Les comptes ne seront jamais ronds, entre police et manifestants, et jamais ne correspondront. On se bornera donc à constater que la mobilisation d’hier a été aussi forte que celle de mardi dernier. Ce qui, assurément, est une prouesse face au risque d’essoufflement que porte en germe tout mouvement de ce genre. D’autant que la vraie-fausse promulgation du CPE a ôté un peu d’ardeur et de saveur au conflit. Mais il est d’autres leçons à tirer de ces grands défilés. Si l’on enlève en effet du lot tous les syndicalistes et professionnels des manifestations, les nombreux permanents et sympathisants, les divers fonctionnaires, retraités et pré-retraités, enfin les profiteurs et les casseurs, on observe qu’une très large jeunesse a fait masse. Qu’elle est en marche et qu’elle se défend. Que les garçons ne sont pas tous devant et que les filles ne sont pas derrières à crier des slogans.

Jeunes étudiants et lycéens ont fait plus que de la figuration dans ce combat contre le CPE. Ils se sont mobilisés, grimés, organisés, jusqu’à faire taire les anciens et imposer leurs idées. Ils ont pris d’assaut les radios, les télés et réclamé non seulement de la considération mais la prise en compte de leurs propres revendications.

Hier, comme la semaine dernière, c’est toute une génération qui a demandé des comptes à la Nation. Et, aujourd’hui, si elle montre encore quelques crispations, c’est qu’elle craint d’être débordée par des négociations en ordre dispersé. Dès lors, Parlementaires et gouvernement auraient tort de sous-estimer ce mouvement de fond, même si se profilent à l’horizon les vacances de Pâques et les examens de fin d’année. Quant à la gauche et à la droite, elles peuvent partager une même inquiétude d’avenir. Car ce « non » de la jeunesse exprime plus que méfiance et frustration. Plus que le simple rejet du Contrat Première embauche. Il est un sourd reproche envers tous les adultes ou prétendus tels. Envers tous ceux qui les forcent à se taire ou ne les écoutent pas parler. Envers tous ceux qui ont dilapidé la France des meilleures années et l’ont endettée à jamais. Les psychiatres diraient qu’il est normal pour des enfants de « vouloir tuer le père ». Sauf qu’il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une crise d’ados, mais d’un profond ressentiment. Qui serait pire demain si le « père » en question n’avait rien à proposer ou se contentait encore de… démissionner.  

Partager cet article
Repost0
4 avril 2006 2 04 /04 /avril /2006 00:00

Ce mardi sera donc, une nouvelle fois, placé sous le signe du CPE. Du défunt CPE, devrait-on dire, car tout un chacun sait désormais qu’il a cessé d’exister. Et qu’il est mort et enterré. Même si l’on peut toujours trouver un professeur de Droit pour dire le contraire et prétendre qu’il « respire » encore. Au nom de la lettre et pour la forme, et sans doute aussi pour justifier un peu le maintien des défilés. Mais, comme pour un feu d’artifice, la journée de mobilisation d’aujourd’hui « sent » le bouquet final. Les coulisses bruissent de pourparlers. Les contacts ont été renoués avec l’Unef et les organisations syndicales. Députés et sénateurs de l’UMP jurent qu’ils sont au travail. Reste désormais à trouver la bonne porte de sortie, c’est-à-dire un nouveau contrat qui puisse, puisque telle est l’urgence affirmée, favoriser le travail des jeunes sans diplôme, ni formations.

Mais, là encore, on se trompe peut-être de combat. Car ce n’est pas le contrat qui fera l’emploi. Et en acceptant aujourd’hui de segmenter le chômage entre jeunes, moins jeunes et plus jeunes du tout, on risque seulement de jouer les balanciers et les vases communicants. Car, désormais, le chômage n’a pas d’âge. Il frappe indistinctement. Les juniors comme les seniors. Il n’épargne plus les diplômés. Il touche autant les master II que les CAP comme le prouvent, chaque année et de plus en plus,  les CV des postulants aux concours pour les emplois catégories B ou D.

Bref, le chômage est un cancer de masse qu’on cherche toujours à dissimuler en le découpant en tranches. Par des grands messes et des petites déclarations. Par des mesurettes électorales et des réparations de fortune. Faisant croire ainsi que l’on répond aux besoins de flexibilité du patronat alors que celui-ci n’en demande généralement pas tant. Même s’il en profite par opportunité. Mais un emploi-jeune n’a jamais fait grossir un carnet de commandes. Bref, à chaque sortie de crise, qu’il s’agisse de CPE comme hier du CIP, la formule est la même. Et l’on reparle d’un Grenelle...

Mais la première des grandes réformes à faire est d’abord de mettre un terme aux faux-semblants et aux faux-fuyants. Pour que chacun puisse prendre ses responsabilités. En donnant les vrais chiffres du chômage et en arrêtant définitivement de tricher avec la réalité. Car aujourd’hui, ce sont près de cinq millions de personnes, en France, qui sont sans-emploi. Jeunes non indemnisés, moins jeunes dispensés de chercher, « stagiaires » en formation, radiés, Rmistes non inscrits ont, en effet, autant le « droit » de figurer au palmarès du chômage que les seuls « catégorie 1 ». Dès lors, ce n’est plus 9 et quelques pour cent qui recherchent une activité, mais plus de 19% de notre population active.

Un Grenelle de l’emploi n’est donc pas une vague éventualité, mais une nécessité. Non pas tant pour trouver un nouveau contrat à promouvoir ou à subventionner, mais pour inventer comment multiplier la croissance et l’emploi privé. Guérir le malade plus que l’aider à… trépasser.

 

 

Partager cet article
Repost0
3 avril 2006 1 03 /04 /avril /2006 00:00

La gauche plurielle était moribonde. Elle est désormais ressuscitée. Le parti socialiste se déchirait. Plus personne ne se parlait. Les candidatures à la candidature se multipliaient. Il aura suffi d’un CPE pour faire taire un peu les divisions et renaître les grandes ambitions. Dominique de Villepin a ainsi réussi le prodige de réveiller l’opposition et de lui redonner, à défaut de programme, un objectif commun. Le Premier ministre a fait ce que d’aucuns n’espéraient plus, redonner des couleurs à tous ceux que l’on voyait déjà battus. Et pour couronner le tout, ce grand rassembleur s’est « suicidé » politiquement, même s’il n’a pas encore rendu son maroquin. « Son » CPE promulgué ne sera pas appliqué. Il sera, en outre, profondément modifié par d’autres au point de ne plus du tout lui ressembler. Et les paris sont déjà ouverts pour lui trouver un autre nom, plus conforme à la concertation. Enfin, le locataire de Matignon est déchargé de mission au profit du Palais-Bourbon et devra désormais se contenter de jouer les… utilités.

Un seul mot : bravo ! Jamais homme politique n’aura sans doute focalisé sur lui autant de mécontentements. Chez les opposants comme dans son propre camp. Jamais, sans doute, chef de gouvernement n’aura autant précipité son Président dans les profondeurs des sondages et des classements. Une performance remarquable et remarquée.

Jacques Chirac s’était choisi un homme d’une autre planète. Ni jamais élu, ni vraiment poète. Habitué de l’Elysée mais à l’ego surdimensionné. Homme de principes, certes, de caractère assurément, mais d’une rigidité toute napoléonienne. Parfait en maillot de bains et dans son jogging du petit matin, mais incapable d’entendre et d’écouter, de finasser pour convaincre, d’amadouer pour apaiser et d’aménager pour l’emporter. Et, pour finir, n’ayant jamais accepté d’autres vérités que la sienne, il l’a encore prouvé, ce week-end, en affirmant qu’il n’avait pas été désavoué. Ce qui reste vrai… sur le papier.

Aujourd’hui, sénateurs et députés de la majorité se disputent les idées pour sauver ce qui peut encore être sauvé. Mais, derrière le transparent Bernard Accoyer et l’apparente primauté donnée aux parlementaires, Nicolas Sarkozy est aux commandes. Ministre de l’Intérieur le jour, chef de parti toujours.

« Obligé » de manier tous les leviers, c’est désormais l’homme de la situation désespérée, des deux côtés de la rue, place Beauvau comme à l’Elysée. Ravi d’être mandaté officiellement pour démentir une certaine formule du 14 juillet : « je décide, il… exécute ».

 

Partager cet article
Repost0
2 avril 2006 7 02 /04 /avril /2006 00:00

Ce n’est ni une loi, ni même un projet. Tout juste une possibilité. Mais c’est plus qu’un mauvais conte d’Andersen. Tout à la fois une insulte à la générosité du brasseur Jacobsen et à la beauté de la femme d’Eriksen. Le sujet est si sensible qu’il est abordé avec beaucoup de prudence. Mais si l’éventualité est confirmée, les hautes autorités du pays s’attendent à de grandes manifestations d’émotion et de protestations. Car, en voulant déménager la petite Sirène de Copenhague, c’est un peu comme si l’on voulait déboulonner la statue de la… Liberté.

La raison officielle est qu’il faudrait protéger la sécurité… des étrangers. Ces derniers, en effet, rivalisent d’audace et d’équilibre pour s’en rapprocher, au risque de tomber dans l’eau ou sur d’énormes pavés, et se faire photographier en si bonne compagnie. Ils se blessent pour caresser la belle. Ils se battent pour s’asseoir dans ses bras. Et, depuis quatre-vingt treize ans, il n’est pas un visiteur de la capitale danoise qui ne vienne lui rendre hommage ou outrage.

Aujourd’hui, les hanches de la « dernière fille du roi de la mer » se creusent plus qu’il ne faudrait et son corps s’abîme sous des millions de doigts irrespectueux. Au point de désespérer la Direction des parcs et jardins qui a confié son émoi et son chagrin aux élus de la municipalité. Selon eux, il faudrait déplacer la petite sirène de quelques mètres pour l’écarter du rivage et la garder inaccessible. Quitte, finalement, à la rendre plus proche de la mer, dont elle n’aurait jamais dû sortir pour sauver son prince, et de sa légende.

Il est vrai que « den Lille Havfrue » a déjà été de tous les combats. Deux fois décapitée, six fois peinturlurée, une fois amputée d’un bras et recouverte d’une burqa, elle est devenue tout à la fois symbole de résistance et icône de beauté.

Les Danois l’adorent et ne voudraient pas s’en séparer. Ni pour tout l’or du monde ou pour tout autre royaume. Pourtant, toujours victime de l’ingratitude des hommes, la petite Sirène aurait bien mérité de se reposer au large. Pour offrir enfin son chagrin au regard des fées et se protéger des… corps étrangers.

Partager cet article
Repost0
1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 09:01

Décidément, la fin de la Vème République n’en finit pas de surprendre. Elle avait déjà accepté la cohabitation, qui était une perversion des Institutions, et elle permet désormais que l’on promulgue des lois tout en proposant aussitôt d’en voter d’autres qui puissent en changer les termes. Pourquoi pas ! Au point où l’on en est. A quand, désormais, une loi sur la gratuité des transports en commun que l’on pourrait demain assortir de l’obligation d’acheter un billet.

Jacques Chirac, hier, en ne voulant donner ni vraiment tort, ni totalement raison à la rue ou à son Premier ministre, n’a finalement satisfait personne. Ni son gouvernement, ni les syndicats et, sans doute, encore moins les étudiants. Le Président ne voulait ni d’un retrait humiliant, ni d’une suspension-démission, mais, en décidant d’une « transformation », il a, en fait, obtenu tout à la fois. Car la loi promulguée créant le Contrat Première Embauche ne sera jamais appliquée en l’état. Et la signature de tout contrat CPE devra attendre la ratification des modifications.

La langue française est vraiment formidable quand elle créé ainsi de ces subtilités que l’étranger nous envie. Mais que le monde entier ne nous envie pas car il ne comprend pas. En effet, derrière les mots et un certain panache, la réalité ne trompe personne. Notre pays recule, dans tous les sens du terme. Tant du point de vue démocratique que du point de vue social. Jamais fossé n’aura été aussi grand entre le peuple et les élites. A tel point, maintenant, que quoique chacun dise, quoique chacun fasse, l’autre n’entend pas ou n’écoute pas. C’était déjà un peu cela « l’exception française », un mélange de culture et d’archaïsme, un zeste de clientélisme et d’immobilisme. C’est désormais plus encore, un mélange d’autoritarisme et de dirigisme avec un zeste de révolte et de révolution.

A qui fera-t-on croire, ce matin qu’il n’y a dans cette histoire de CPE, ni vainqueur, ni vaincu ? Le Premier ministre a certes eu sa loi, qu’il pourra même faire encadrer, mais il doit aussi manger son chapeau car elle va être modifiée en profondeur. Quant aux syndicats, ils n’ont certes pas obtenu formellement le retrait, mais le désaveu caché d’une méthode et l’acceptation tacite d’un nouveau débat et de nouvelles modalités. Même si la primauté des discussions semble laissée aux députés.

Malheureusement, avec un tel discours, le Président, en ne voulant pas faire simple quand il pouvait faire compliqué, a pris un grand risque. Celui de ne pas être… écouté.  

 

 

Partager cet article
Repost0
31 mars 2006 5 31 /03 /mars /2006 00:00

Finalement, chacun attendait trop du Conseil Constitutionnel qui s’est bien gardé, hier, de sortir des frontières de sa mission. Les « Sages » ont jugé l’article 8 du CPE au travers du prisme de la loi et, surtout, de la Constitution. C’était leur mission et ils l’ont remplie strictement, renvoyant ainsi partenaires sociaux et gouvernement dos à dos. Mais quitte à juger complètement en Ponce Pilate, ils auraient dû le faire jusqu’au bout et ne pas habiller certains aspects de leur délibération de considérations « accessoires ». Ainsi, lorsque le Conseil constitutionnel ne fait pas de « réserves » sur l’absence de motivation de la rupture du CPE pendant les deux premières années, il précise quand même expressément que toute rupture d’un CPE pourra être contestée devant le juge. Ce qui revient à dire expressément, également, que tout licenciement sans motif légitime et sérieux pourra être condamné aux Prud’hommes. Bref, tout le monde a désormais compris que le code du travail en vigueur actuellement s’appliquera au nouveau contrat, qu’il s’appelle faussement CDI ou sémantiquement CPE. Donc pas question de licencier sans raison. Sauf aux risques et périls de l’employeur.

Et si l’on voulait pousser le bouchon plus loin, on pourrait même désormais conseiller à chaque nouveau salarié CPE de créer une section syndicale, dès son entrée en entreprise, pour voir son emploi protégé. Ou inciter chaque femme à tomber enceinte… Ubuesque !

Finalement, le Contrat Première Embauche, visé et « enfermé » par le Conseil Constitutionnel dans les limites du Droit du travail, ne sera pas aussi intéressant que le promettait le gouvernement. Sa flexibilité sera, en effet, toute… relative, les éventuels abus de droit pouvant être sanctionnés. Ce qui est, somme toute, un retour déguisé à la case départ. Sauf que, en n’instituant pas de règles préalables à la rupture du contrat, le législateur renvoie au judiciaire le soin d’avoir du courage à sa place. Ce qui est peu glorieux et promet beaucoup de contentieux..

Les « Sages » ont donc jugé le Droit et non l’opportunité de ce nouveau contrat, laissant à d’autres le choix politique de l’imposer. Dès lors, le président de la République n’aura pas trop de sa journée d’aujourd’hui pour imaginer un dispositif permettant de sortir de la crise. C’est aussi, pour lui, à quelques mois de la fin de son mandat, une dernière chance inespérée de réduire la fracture sociale et de remplir ainsi son… contrat.

Partager cet article
Repost0
30 mars 2006 4 30 /03 /mars /2006 00:00

Cette histoire de CPE tourne désormais au cauchemar. Pour les jeunes comme pour tous les salariés. Elle paralyse la France depuis plusieurs semaines, perturbe l’économie, les examens, les universités et les lycées. Elle handicape l’avenir, l’emploi et la saison d’été. Elle n’est plus aujourd’hui qu’une question de principe et d’orgueil national, que ne partage même plus la Nation. Le sondage CSA à paraître ce matin dans Le Parisien-Aujourd’hui en France en est, à ce propos, la parfaite illustration puisque seuls 12% des Français sont désormais pour le maintien du contrat première embauche tel quel, le reste se partageant équitablement entre un retrait pur et simple ou une suspension.

Certes, ce ne sont ni la rue, ni les sondages qui commandent. Mais ce ne devrait pas être les principes non plus. Guy de Maupassant disait à ce sujet que «  ceux qui dirigent le peuple sont aussi des sots : mais au lieu d’obéir à des hommes, ils obéissent à des principes, lesquels ne peuvent être que niais, stériles et faux, par cela même qu’ils sont des principes, c’est-à-dire des idées certaines et immuables, en ce monde où l’on n’est sûr de rien, puisque la lumière est une illusion, puisque le bruit est une illusion ».

Aujourd’hui, la France va bruire de supputations. De confidences et de fausses affirmations. Tout cela sur fond de violence, de déclarations guerrières, de vraies-fausses confidences ou d’évacuations. Tout cela dans l’attente d’une fumée blanche ou noire au dessus du Palais Royal ou du moindre frémissement des stores du balcon des « Sages ». Reste à savoir comment va siffler l’arbitre. S’il brandira un carton rouge et renverra les « équipes aux vestiaires ou s’il se contentera d’un carton jaune, voire même d’un simple avertissement.

Tout cela, à vrai dire, est bien pathétique. Car, au-delà même de dire le Droit, chacun semble attendre aujourd’hui, du Conseil Constitutionnel, une véritable absolution. Pour pouvoir dire ensuite, et sans modération, « j’avais raison ». Alors que « la parfaite raison fuit toute extrémité et veut que l’on soit sage avec sobriété » disait Molière dans le Misanthrope. Et pour obtenir, en quelque sorte, l’autorisation d’imposer la force de la loi ou celle de lui substituer la loi du nombre et de la contestation.

Saura-t-on au moins tirer les leçons de cette épreuve ? Pas si sûr. Car la société ne pourra sortir qu’un peu plus figée d’un conflit aussi mal géré. Alors qu’elle avait déjà définitivement perdu l’illusion d’être un pays dirigé ! Quoiqu’en dise aujourd’hui… le Président.

Partager cet article
Repost0
29 mars 2006 3 29 /03 /mars /2006 01:31

Seul, désormais, semble-t-il, le Conseil constitutionnel pourra faire plier Dominique de Villepin. Car l’homme est tellement sûr de son bon droit, tellement pétri de certitudes, tellement convaincu que le dialogue n’est que l’articulation de la loi qu’il ne cédera pas d’un pas. Ni même d’un pouce. Le Premier ministre a toujours préféré Montaigne à Joseph de Maistre et considéré que « les lois se maintiennent en crédit non parce qu’elles sont justes, mais parce qu’elles sont lois ». Alors que le second expliquait que « la loi juste n’est point celle qui a son effet sur tous, mais celle qui est faite pour tous ». Les Sages ont à trancher sur le même dilemme et devront dire demain s’il est juste qu’un CPE soit fait pour quelques-uns. S’il est normal que l’on puisse déroger aux règles du Code du Travail pour espérer faire employer à l’essai, dans les meilleures intentions du monde, toute une jeune génération. En clair, sera-t-il possible à l’avenir de substituer les incitations fiscales à l’emploi par des incitations sociales, de remplacer la baisse des charges par une diminution des obligations légales. Et, au final, d'espérer multiplier les contrats pour avoir obtenu un jour le droit de les précariser.

Le Chef du gouvernement ne peut admettre aujourd’hui voir logiquement raison et politiquement tort. Il ne comprend pas que, majoritaire à l’Assemblée, il ne puisse légiférer en toute tranquillité, sans comptes à rendre à quiconque, ni à l’opposition, ni à la population. Homme de lettres et poète à ses heures, il a pour la fermeté le langage de Voltaire. « Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas qu’il soit instruit ». Mais la société a changé et ne croit plus depuis longtemps à ses élites. Elle les tolère tout en espérant qu’elles le méritent. Ce qui explique souvent que ceux qui durent sont aussi ceux qui ne font… rien. Dominique de Villepin a ainsi près de lui un mentor qui a créé l’ANPE et n’est pas près de la supprimer, qui l’encourage à tenir bon, mais n’hésitera pas à s’en séparer. Car il n’a pas fait, lui, de la « réforme » une question personnelle. Pour lui, le respect de la législature et des institutions n’a jamais été affaire de posture, mais seulement de… candidature.

Partager cet article
Repost0