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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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26 avril 2006 3 26 /04 /avril /2006 00:02

Tchernobyl, c’était aujourd’hui, il y a… vingt ans. Mais, comme une mauvaise farce, la plupart des journaux et médias ont devancé la date anniversaire, qui d’un jour, qui d’une semaine, voire d’un mois, comme si cette prétendue course tardive à l’information avait désormais une quelconque signification. On aurait aimé qu’ils aient été tout aussi prompts, jadis, à informer les citoyens quand le césium 137 envahissait les jardins.

Je m’en souviens très bien pour avoir été, à l’époque, un des rares à agiter le tocsin. A affirmer fort et clair dans les colonnes de « Presse-Océan » et de « L’Eclair », un mois après la catastrophe, que le nuage radioactif, loin de s’arrêter à la frontière, avait déversé son poison sur une langue de terre très large s’étendant de Strasbourg à Ajaccio. Je revenais alors d’une enquête en Allemagne fédérale sur les opposants au nucléaire et j’avais été frappé par la réactivité des autorités sitôt la catastrophe connue. Tout avait été mesuré, étudié, noté et comparé, avec précaution et prudence, pragmatisme et méticulosité. Le phénomène avait été expliqué et commenté et j’avais pu ainsi écrire que les particules de césium 137, en se répandant sur notre sol, commençaient par s’enfouir profondément avant de remonter progressivement. Ce qui laissait présager, à terme, une forte contamination alimentaire par les racines, par l’herbe, par les champignons, puis par le lait...

Mais, contrairement à la RFA qui « fourmillait » de précautions, la France, telle la cigale, s’enivrait de déclarations apaisantes. Le professeur Pellerin, directeur du service central de protection contre les rayonnements ionisants, claironnait que la croissance de la radioactivité restait bien inférieure aux valeurs dangereuses en produisant des données incomplètes. Quant au ministre de l’Industrie du gouvernement Chirac de l’époque, Alain Madelin, il plastronnait de suffisance et d’assurance, avec toute l’autorité que confère l’ignorance.

Aujourd’hui, vingt ans après, tandis que le césium 137, dont la nocivité disparaît au bout de trente ans, est toujours à cinq centimètres de la litière végétale et empoisonne racines et champignons,  la France n’a encore fait ni lumière, ni justice sur ses dysfonctionnements. On ne sait toujours pas si ce sont les scientifiques d’Etat qui ont failli ou leurs supérieurs politiques. Si ce sont les uns qui se sont trompés ou les autres qui les ont muselés. Toujours est-il que les affections de la thyroïde, elles, se sont multipliées de façon anormale dans certains secteurs de l’hexagone, comme en Corse, et qu’elles sont encore sûres, hélas, de progresser. Pas comme… la vérité.

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25 avril 2006 2 25 /04 /avril /2006 00:02

C’est une bien triste révolution qui est en marche au Népal. Sur fond de cruauté, de massacres et d’ignorance. Et plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Ni les balles réelles de forces de police, ni les promesses évasives et tardives du roi Gyanendra. Et hier, tandis que les Etats-Unis ordonnaient à leurs ressortissants de quitter le pays, le sang coulait de nouveau dans la banlieue de Katmandou, faisant craindre le pire pour aujourd’hui. Le peuple n’a en effet plus rien à perdre ou à gagner dans ce petit pays déchiré par 10 ans de guérilla avec les rebelles maoïstes. Alors qu’il vivait déjà de pauvreté, il souffre désormais de pénurie depuis le début du mois. De pénurie d’essence, d’aliments et de médicaments. De pénurie de tout, de liberté comme d’espérance et de bons sentiments. Et il sera encore dans les rues, ce mardi, à l’appel des partis de l’opposition, pour réclamer le rétablissement de la démocratie pluraliste. Un slogan bien trop grand pour lui qui sait à peine parler le népalais, qui est analphabète à 50% et plus pauvre que son voisin du Bangladesh. Alors, il marche sur le palais, comme Forrest Gump courait, sans illusions ni convictions, éternellement écartelé entre opposition et rébellion. Otage et victime de tous les « pouvoirs » ou potentats. Souffrant toujours de n’avoir pu faire le deuil du roi Birendra et ne comprenant rien aux arcanes politiques et idéologiques.

L’armée, seule, permet encore à la dynastie des Shah, qui gouverne le pays depuis 240 ans, de tenir bon. Mais pour combien de temps ? Jusqu’où soutiendra-t-elle Gyanendra, devenu roi par hasard, sinon par trahison, après l’assassinat de son frère, mais se comportant comme un monarque de droit divin ? Ce nouveau roi, cupide et arrogant, a poussé la bêtise jusqu’à supprimer la démocratie parlementaire, péniblement instituée en 1990, et la remplacer l’an dernier par une sorte de monarchie absolue, autoritaire et sanguinaire. Il n’aura réussi finalement qu’à réconcilier entre eux les sept principaux partis politiques et les amener à faire alliance avec la rébellion. Otant ainsi les dernières illusions d’un  peuple racketté et manipulé de tous les côtés.

Quatre fois plus petit que la France, avec une espérance de vie qui ne dépasse pas 62 ans, mais dominant le monde par ses sommets, le Népal n’en peut plus d’espérer que l’on respecte enfin son nom qui signifie « le début d’une nouvelle ère ». 

 

 

 

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24 avril 2006 1 24 /04 /avril /2006 01:01

Le congrès de la CGT, qui s’ouvre ce matin à Lille, aura tout à la fois des airs de fêtes et des allures de règlements de comptes, dans le sens propre du mot. Mais Bernard Thibault espère quand même que la grande victoire contre le CPE mettra un peu en sourdine les revendications à propos des cotisations. Rien n’est moins sûr. Car la CGT a besoin d’unités, « sonnantes et trébuchantes », pour se centraliser ou, plutôt se « confédéraliser » selon le terme choisi. Et si la réforme de Villepin est arrivée fort à point pour occuper pendant deux mois syndicats, fédérations, unions locales et départementales, et les détourner de leurs contestations financières, et si chacun aura encore à cœur de fêter la victoire, il n’est pas sûr que le défunt contrat première embauche parvienne à calmer tous les grincements de dents.

Pourtant, la « révolution » budgétaire qui s’annonce à la CGT a une noble ambition. Il s’agit, comme partout, de prendre aux riches pour donner aux pauvres. De permettre aux fédérations mieux loties de financer des secteurs dégarnis. De « déshabiller » la SNCF et la Métallurgie pour relooker les PME-PMI. En clair, la direction souhaite que les cotisations des membres ne soient plus dictées par chaque syndicat en fonction des reversements qu’il doit effectuer, mais rassemblées et fixées par Paris. Au final, le syndicat de base ne gardera que 33% de la cotisation des adhérents et reversera le « reste » à un organisme chargé de le repartir à son tour entre la confédération et les organisations professionnelles. Il n’aura, dès lors, plus vraiment d’autonomie budgétaire, ni d’autonomie tout court, mais il sera assisté comme un grand, pour le bien de tous. Et pour que tout soit bien clair, même si officiellement ce sont pour des raisons d’abonnement, chaque syndicat devra fournir la liste nominative et l’adresse de ses adhérents pour pouvoir recevoir la publication confédérale mensuelle. Histoire de déjouer les plans malins que l’organisation, forte de nombreuses années de résistance, de militantisme et de débrouillardise en entreprise, ne manquerait pas d’inventer.

Fini donc le « chacun chez soi » et bienvenue aux « tous chez les autres ».

On peut comprendre combien cette réforme fait hurler dans certains secteurs traditionnellement voués à la syndicalisation forcée. Car cette mutation, si elle est acceptée dans son intégralité, devrait mettre à mal certains trésors de guerre et redonner plus de réalité à certains chiffres d’adhérents exagérés. On retiendra seulement qu’elle permettra enfin, peut-être, de vraiment les… compter.

 

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23 avril 2006 7 23 /04 /avril /2006 09:16

Caprice des Dieux ? Toujours est-il que deux de nos superstars du moment envisagent de prendre leur retraite. L’un, toujours assis, qu’il pleuve ou qu’il vente, en aurait marre de tourner en rond tandis que l’autre, toujours debout, qu’il vente ou qu’il pleuve, ne prendrait plus plaisir à taper dans un ballon. C’est du moins ce que disent les gazettes. On en saura plus pour l’un aujourd’hui, tandis que, pour l’autre, il faudra attendre mercredi.

Ainsi, cet après-midi, sur le circuit d’Imola, Ferrari sera confrontée à un double défi : redonner confiance à ses supporteurs et, surtout, convaincre et rassurer Schumacher en fin de contrat. La Scudéria doit en effet prouver à son pilote qu’elle a les moyens de gagner le championnat et de lui offrir une huitième couronne. Sinon ce dernier aurait de quoi s’interroger. A quoi bon s’installer dans un étroit baquet pour amuser le public. Prendre des risques pour gagner quelques points ou quelque argent. Etre pris tous les dimanches pour jouer les utilités. Bref, faire la saison de trop pour n’avoir pas su s’arrêter. On peut comprendre que Michael Schumacher commence à être un peu blasé. A 37 ans, il a tout gagné, sept titres de champion du monde et, depuis hier, 66 pôles position.

Zidane, quant à lui, est beaucoup plus jeune. Il n’est âgé que de 34 ans et doit encore un an de contrat à son club. Mais, après cinq ans au Real Madrid, on le sent lassé. Il ne court plus comme avant et, surtout, il a, semble-t-il, abandonné tout espoir de gagner un nouveau titre de la Ligue des Champions. Alors il lui reste la Coupe du Monde pour rêver un peu. Quoique, là aussi, il ait fallu le forcer pour le faire sortir de sa retraite internationale décidée en 2004.

Les héros sont fatigués. Immensément riches et épuisés. Eternellement jalousés et toujours obligés de se dépasser. Jadis, dans les cruels jeux du stade, ils étaient éliminés au fil des ans par une sorte de sélection naturelle, blessures ou accidents. On ne se posait guère la question de leur durée. Nul n’ignorait la cruauté de leur situation, faits pour gagner (beaucoup) ou destinés à disparaître. Mais, désormais, grâce aux progrès de la médecine, de la chirurgie et des nouveaux matériaux, chacun, même si le silence est de rigueur, est amené à s’interroger sur leur coûteuse… longévité. 

 

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22 avril 2006 6 22 /04 /avril /2006 10:11

La France joue continuellement à se faire peur. Sur tous les sujets. Sur la laïcité, sur l’intégration, sur le racisme ou sur la liberté d’expression. Comme si elle était sûre de trouver dans cette émotion prétexte à sursaut républicain. C’est alors le « défilé » des grandes déclarations et des commentateurs avisés, les petits serments et les grandes envolées de tout ce que le pays compte de philosophes de la société. Et, quinze jours durant, les villes, les rues et les appartements bruissent de ces indignations collectives qui donnent bonne conscience à vil prix. Puis, tandis que les lumières du « parler vrai » s’éteignent progressivement, le soufflé, lui aussi, se dégonfle lentement. En attendant la prochaine occasion.

Car la France est un pays qui a toujours besoin de se révolter. Contre les autres, et contre elle aussi. On vient encore d’en avoir l’occasion, hier, avec le sondage Ifop du quotidien « Métro ». Sous le prétexte que 35% des personnes interrogées estiment que l’extrême droite « enrichit le débat politique », toutes les bonnes âmes de la nation appellent à la résistance. Et, horrifiées de savoir que 34% des sondés estiment que cette même extrême droite est « proche des préoccupations des Français », elles sonnent le tocsin de notre liberté menacée.

Toute cette agitation serait bien risible si elle n’était révélatrice de notre médiocrité. Car, dans tous les pays, l’exclusion, la misère, la pauvreté, l’injustice, l’insécurité ont toujours nourri les extrêmes. Qu’elles soient de droite et de gauche importe peu car elles sont toutes autant dangereuses. Comment, dès lors, pourrait-il en être autrement dans une France qui compte 21% de sans-emploi et plus de 4 millions de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté.

Dans tous les Etats, les émeutes des banlieues, les défilés dans les rues, les violences gratuites et les coûteuses dégradations entraînent de facto un phénomène de rejet de l’opinion qui se met à rêver d’ordre et de discipline, d’autorité et de répression. Le phénomène n’est pas nouveau et il n’épargne aucune microsociété.

Reste qu’il y a trois leçons à tirer de ce sondage. La première est sans doute que la France est, depuis longtemps déjà, mal gouvernée. Les différents régimes qui se sont succédés ne sont parvenus ni à résoudre ses problèmes d’emploi et de pauvreté, ni à assurer à ses habitants une légitime sécurité et sérénité. Il y a donc nécessité de renouvellement des hommes et des idées pour redonner un  peu d’espérance à la nation et, surtout, aux plus défavorisés.

Seconde leçon, la fracture sociale sera encore la clé des prochaines élections. Mais avertis des fausses promesses du passé qui n’ont jamais été tenues, les Français voudront sans doute, cette fois, que les programmes soient détaillés, financés et suffisamment crédibles pour accepter d’y faire confiance. Les « y a qu’à » et les « faut qu’on » sont presque assurés de perdre les élections et c’est plutôt une bonne nouvelle.

Enfin, dernière leçon, arrêtons de parier sur les scrutins avec un an d’avance et travaillons. Car ces sondages ou photographies de l’instantané sont aussi versatiles que l’opinion. Ils n’engagent que ceux qui les… font.

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21 avril 2006 5 21 /04 /avril /2006 01:17

Il n’est pas un Anglais qui n’aura une pensée pour la Reine en ce jour anniversaire. Qu’il soit riche ou pauvre, célèbre ou royalement inconnu, chaque sujet de sa Majesté aura à cœur de célébrer à sa façon, avant les cérémonies officielles du 21 juin, les 80 bougies d’Elisabeth II. Car la monarchie britannique, à la fois si noble et si désuète, est un parfait symbole de stabilité pour le pays. Les 54 ans de règne de cette petite femme aux cheveux blancs et aux chapeaux extravagants l’ont profondément enracinée dans toutes les familles et auprès de toutes les générations. Elle est devenue si parfaitement inutile que l’évocation même de son départ ou de son remplacement paraîtrait aujourd’hui complètement déplacée. Elle est devenue si transparente et si indispensable que le problème de la royauté, en fait, ne se pose même plus au Royaume uni. Elisabeth II est sans doute la meilleure ambassadrice de la Couronne. Tout à la fois sa mémoire, son « étiquette » et sa marque de fabrique. Quant à son apport « touristique », il est indéniable, même si personne ne distingue la souveraine derrière ses fenêtres au moment de la relève de la garde.

Reine de tout le monde, sans vraiment régner sur personne, elle honore chaque année plus de 500 engagements officiels, discute chaque mardi avec le Premier ministre et reçoit chaque jour, au courrier du petit déjeuner, lois, décrets et règlements en guise de compliments. L’histoire, avec un petit h, ne dit pas qu’elle lit tout, qu’elle écoute et comprend tout. Mais la Reine tient son rang et il ne viendrait à l’idée d’aucun tabloïd de le contester. Encore moins d’essayer de la surprendre les fesses à l’air comme le Sun vient de le faire cruellement avec Angela Merkel en vacances en Italie. Comme s’il était plus légitime de fesser la République que d’outrager la royauté.

Churchill avoua un jour avoir eu un faible pour cette « royale » propriétaire de toutes les baleines et de tous les dauphins évoluant dans les eaux territoriales. Mais c’était l’époque où la Reine n’était encore que petite sirène. Rien n’était encore venu troubler son « miroir », ni les amours divorcés de trois de ses enfants, ni le tragique destin d’une certaine lady Di qui, l’espace d’un instant, la fit mépriser.

Elisabeth II a su, dit-on, surmonter toutes les épreuves. Ce n’est sans doute pas le moindre de ses mérites, mais c’est toujours la seule vérité officielle vraiment… révélée.

 

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20 avril 2006 4 20 /04 /avril /2006 07:58

L’Iran pose problème. Au point qu’il est urgent… d’attendre la date du 28 avril où sera rendu public le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique. On saura alors si l’Iran s’est conformé aux recommandations du Conseil de Sécurité lui enjoignant de cesser ses activités d’enrichissement d’uranium. A vrai dire, on connaît déjà la réponse, mais cette position « diplomatique », défendue par la Russie et par la France, a le mérite de ne pas étaler au grand jour les divergences des Grands de ce monde. Même si elle ne règle rien en profondeur et ne fait que différer le débat sur d’éventuelles sanctions. Elle permet aussi de gagner du temps. Car le Président Ahmadinejad est tout autant fanatique que fantasque. D’un côté, il multiplie les provocations comme s’il voulait savoir jusqu’où aller trop loin. C’est ainsi qu’hier il a fait savoir, à Moscou, à une délégation venue de France, d’Allemagne et de Britanniques, qu’il mettait en route ses nouvelles centrifugeuses. Mais, pire encore, il a proposé à l’Europe d’ « accompagner » son programme nucléaire, espérant ainsi jouer la guerre des blocs entre Europe et Etats-Unis. De l’autre, il se comporte comme un enfant et vibre à l’évocation du ballon rond comme le premier supporteur venu du PSG. On en vient donc à espérer rapidement entrer dans la période de la Coupe du monde de football pour faire baisser la tension. En espérant que la passion du président iranien le dissuadera pour un temps de vouloir pousser le bouchon trop loin. Et, à condition, bien sûr, que l’équipe d’Iran passe au moins le premier tour et fasse mieux que les… Etats-Unis.

Ces derniers, quant à eux, ne sont pas inquiets. Ils se sentent même la force d’imposer des sanctions sans l’aval du Conseil de sécurité. Prêts à réitérer le coup de Saddam Hussein. Enfin, c’est du moins ce qu’ils veulent laisser croire. D’autant qu’il y a belle lurette que ils ont repéré toutes les installations iraniennes suspectes, à la faveur des nombreuses missions aériennes au-dessus de l’Irak. Alors, on pourrait presque dire que le temps travaille pour tout le monde. Pour l’Iran, pour l’Europe et pour les Etats-Unis, certes, mais, surtout, pour les marchands de… pétrole.

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19 avril 2006 3 19 /04 /avril /2006 01:42

Les « barbouzeries » à la française ont toujours quelque chose de délicieux. Car, mieux que les romans d’espionnage, elles sont remplies d’erreurs de débutants, de traces suspectes et d’indices savoureux permettant de remonter jusqu’aux présumés coupables ou dénoncés comme tels. Enfin, pas toujours…

Il y a eu ainsi l’affaire du Rainbow Warrior, avec un vrai faux couple de touristes, un Président pas au courant et un ministre de la Défense conduit à démissionner. Puis l’incendie des paillotes en Corse avec des commandos-gendarmes, des officiers félons et un Préfet aux ordres et au désordre. Il y a désormais l’énigme Clearstream, sur fond de lettres anonymes avec listings informatiques dénonçant quelques personnalités choisies dont Alain Gomez, Philippe Delmas, Alain Minc, Jean-Pierre Chevènement et Nicolas Sarkozy.

Les bureaux de Noël Forgeard, coprésident d’EADS, ont été visités, les agendas de Michèle Alliot-Marie ont été saisis, les locaux de la DGSE ont été perquisitionnés, le domicile parisien et la résidence du général Rondot ont été longuement fouillés. Au fil des ans et des derniers jours, l’affaire Clearstream prend l’allure d’une affaire d’Etat. Au point qu’hier, Dominique Strauss-Kahn, après Nicolas Sarkozy, a porté plainte à son tour en se constituant partie civile.

Car, si les deux juges, Jean-Marie d’Huy et Henri Pons, chargés d’une information judiciaire pour « dénonciation calomnieuse » ont désormais la certitude que les documents envoyés au juge Renaud Van Ruymbeke en 2004 comportaient des faux grossiers orientant la justice vers 800 personnalités censées détenir des fonds secrets au Luxembourg, ils n’ont pas encore mis la main sur le « corbeau ». Et encore moins sur le « renard ». Force est ainsi de constater que, contrairement aux autres histoires du même style, aucun fusible n’a encore sauté. Ni ministre, ni Préfet, ni lampiste ou agent secret. Alors que la morale l’exige. D’autant plus que l’argent des commissions des frégates de Taïwan n’a jamais été retrouvé.

La traque semble pourtant se resserrer. Aujourd’hui, en dehors de la date du dernier brushing de la ministre de la Défense qui n’a plus de secret pour les juges d’instruction, la DGSE est fortement suspectée. Il est quasiment établi qu’elle aurait laissé « traîner » par hasard des documents qui ont servi malencontreusement de matrice aux faux listings. Mais pour le compte de qui ? Quant au général retraité, s’il entretient d’étranges et opportunes « amitiés » qui ne veulent pas que du « bien » à l’actuel ministre de l’Intérieur, ce n’est pas une preuve de culpabilité.

« A qui profite le crime » dirait aujourd’hui Fred Vargas, comme hier Agatha Christie. C’est justement là que se situe le problème car nombre de pistes pointent le doigt en direction de la rue de Varenne. Mais encore faudrait-il, pour en avoir le cœur net, que les juges décident de perquisitionner… Matignon.

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18 avril 2006 2 18 /04 /avril /2006 01:01

Comment sauver quelqu’un malgré lui ? C’est désormais tout le challenge des avocats de la défense de Zacarias Moussaoui dans ce procès qui entame sa dernière semaine d’audience en Virginie. Après, le sort de ce jeune Français de 37 ans sera entre les mains du jury. Avec une seule alternative, la mort ou l’enfermement à vie.

Le pire est sans doute que l’on ne parvient pas à ressentir la moindre compassion pour l’accusé. Même si l’on pressent que le « costume » de terroriste patenté dont on l’a affublé est bien trop grand pour lui. Mais Zacarias Moussaoui a tellement forcé le trait qu’il est devenu un symbole d’Al-Qaida sans même que l’on soit sûr qu’il en ait jamais été un instrument. L’homme est en effet une énigme depuis son arrestation en août 2001 dans le Minnesota. Il a multiplié les versions, nié les évidences et, surtout, insulté copieusement les Etats-Unis et la mémoire des 3000 victimes du « 11 septembre ». Il a sans cesse provoqué son tribunal et les témoins depuis ce jour où il a décidé de plaider coupable et de « s’accuser » d’actes de terrorisme, de piraterie aérienne, de destruction d’avions, d’utilisation d’armes de destruction massive, d’assassinat de fonctionnaires américains et de destruction de propriété. Six chefs d’accusation pour celui qui, emprisonné à l’époque des attentats sur le World Trade Center, n’avait pu voir la tragédie qu’à la télé.

Il ne pouvait bien évidemment en être responsable directement. Mais aurait-il pu les éviter s’il avait parlé ? L’accusation le prétend. Sans trop y croire peut-être, mais elle y est encouragée par les insultes continuelles, les aveux « extraordinaires » et l’absence de regrets de celui qui s’afficherait presque comme un fidèle lieutenant d’Oussama Ben Laden. Alors qu’il n’était sans doute qu’un apprenti terroriste raté, en panne de visa et d’idéal, incapable d’apprendre à voler seul malgré 57 heures de cours en Oklahoma et guère plus doué dans sa seconde école de pilotage du Minnesota.

Ses avocats vont sans doute vouloir plaider la démence, la schizophrénie ou la mythomanie, faire entendre des témoins de moralité, venus de France, et raconter sa triste enfance pour tenter de lui donner un brin d’humanité. Mais Zacarias Moussaoui est parti pour tout faire échouer. De peur qu’on le prive encore de cette mort qu’il semble espérer de tout son être. En quête de cette prétendue immortalité qu’il a lue dans les livres ou les bandes dessinées. Désireux d’être au moins un martyr de sa foi, faute d’en avoir été un combattant zélé.

Finalement, compte tenu de la tournure de ce procès, la justice idéale voudrait qu’il soit aussi privé de mourir et condamné à méditer… pour l’éternité.

 

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17 avril 2006 1 17 /04 /avril /2006 01:01

L’Italie a ceci de comparable à la France qu’elle se complaît dans l’immobilisme et les vieilles solutions. Ainsi elle rappelle au pouvoir Romano Prodi, chassé il y a sept ans et aujourd’hui vainqueur à l’arraché des dernières élections législatives. Mais le chef de file de cette gauche aussi disparate qu’un certain « programme commun » ne rentrera pas en fonction véritablement avant la fin mai. Comme si le pays, fortement divisé par le scrutin et lourdement handicapé par une récession structurelle, pouvait encore se permettre de perdre plus d’un mois en tergiversations. La procédure est ainsi faite que, même si sa victoire est reconnue officiellement par la Cour de cassation italienne, « il professore » devra encore attendre d’être chargé par le président de la République de former un nouveau gouvernement. Or le chef de l’Etat actuel, dont le mandat expire à la mi-mai, a déclaré qu’il laisserait ce soin à son successeur qui, bien évidemment, n’est pas encore… nommé.

Pendant ce temps, Silvio Berlusconi et Romano Prodi s’épuisent en vaines querelles et l’Italie divisée souffre de ne pas être gouvernée. Le pays est à la dérive, avec une croissance inférieure à 0,5% en moyenne entre 2000 et 2005, des prix qui ont flambé lors du passage à l’euro et un chômage qui, artificiellement stabilisé et endémique au sud, recommence à grimper. Quant à la dette publique, sans atteindre les « sommets » de 1994, elle est toutefois remontée de trois points en un an et prive désormais le futur nouveau gouvernement de toute marge de manœuvre. Reste même à savoir s’il en disposait. Car le programme très hétéroclite de Romano Prodi, fort de 240 pages, était surtout un programme anti-Berlusconi qui présentait hier l’avantage, et aujourd’hui l’inconvénient, de ne pas être financé. Il prévoit en effet, pour améliorer la compétitivité, une baisse de cinq point des charges sociales sur les salaires que Prodi espère compenser par une hausse de l’impôt sur le revenu et sur la fortune et une meilleure traque de la fraude fiscale. Un triple pari loin d’être gagné en Italie.

Dès lors, la victoire serrée de Romano Prodi apparaît presque comme un cadeau empoisonné. Elle n’est en tout cas, nullement un chèque en blanc, mais plutôt l’équivalent d’un dernier crédit avant…dépôt de bilan.

 

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