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  • : Jean-Paul Busnel, journaliste et éditorialiste, aujourd'hui intervenant-professeur auprès de grandes écoles, notamment SciencesCom, Centrale, Audencia, EAC, et par ailleurs consultant/expert pour les entreprises, porte un oeil critique sur l'actualité
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Citation du jour

sas_titre-1.jpg- Tout Etat libre où les grandes crises n'ont pas été prévues est à chaque orage  en danger de périr.

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Jean-Jacques ROUSSEAU

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16 mai 2006 2 16 /05 /mai /2006 10:09

C’est un vieux « Clem » tout rouillé, tout ridé, qui s’apprête à entrer en rade de Brest. Sans tambours, ni trompettes. A peine salué par les mouettes et les beaux mariniers. Tout à la fois symbole d’une défaite et d’une déroute avancée. Monstre de métal oublié, rongé par les mers et les procéduriers, monument d’impéritie d’un ministre, de toute une administration, et gouffre de gaspillage pour toute une société.

Jamais, sans doute, dans l’histoire de la marine, un cuirassé n’aura autant porté ces derniers mois, sur presque toutes les mers du monde, l’impuissance d’une nation, le « naufrage » d’un pays. De l’Inde à L’Espagne, en passant par l’Egypte et l’Afrique du sud, la France aura, porte-avion au vent, montré son incurie, son incapacité à traiter d’écologie et à imaginer le retraitement de ses propres « déchets ». « Traînée » en remorque par un remorqueur étranger comme dernière image de l’odyssée d’un navire amianté.

Plus de 12 millions d’euros pour faire des ronds dans l’eau et finir oublié. C’est toute « l‘exception française » qui s’est ainsi donnée en spectacle. Incapable de se réformer et de se remettre en question. Continuellement en guerre contre des moulins à vent et désarmée pour l’éternité.

Demain, le Clemenceau arrivera avec la marée, péniblement, à cinq ou six nœuds, par vent de sud-ouest et mer peu agitée. Il devrait passer le goulet vers 9 heures avant d’être amarré dans le port militaire, à l’abri des regards indiscrets et des protestations de la municipalité. 265 mètres de honte et 52 mètres de large seront désormais bloqués à quai, après avoir représenté plus de 32.000 tonnes de fierté pouvant filer 30 nœuds et quelques risées.

Désormais, si la dernière promesse de Michèle Alliot-Marie est respectée, et, surtout, si cette parole résiste encore à la grande vague des élections, le Clemenceau repartira d’ici deux ans. Pour finir enfin au cimetière des éléphants, cet étrange « paradis blanc » dont on ne parle jamais au milieu des contes et légendes. Entre baie des trépassés et… pays breton.

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15 mai 2006 1 15 /05 /mai /2006 11:13

Le général Rondot a-t-il été torturé ? A lire les extraits de ses déclarations aux juges dans « Le Monde » de la semaine dernière, puis l’intégralité de son procès-verbal d’audition dans « L’Express » et à les comparer enfin avec son interview paru hier, dans « Le journal du dimanche », le doute n’est plus permis. Notre maître-espion a d’abord été victime d’une machination « à l’insu de son plein gré », puis, entre son interrogatoire et son témoignage d’hier, d’un lavage de cerveau dans la plus pure tradition de nos « services ».

Désormais, à l’entendre, ses écrits sur l’affaire Clearstream, saisis tant à son domicile que dans sa maison de campagne, n’ont pas plus de valeur que du papier mâché. A croire presque qu’ils auraient été rédigés machinalement, lors d’un moment d’égarement. Bref, que les mots « « l’enjeu politique : Nicolas Sarkozy », « Fixation Nicolas Sarkozy », « liens Sarkozy-Dassault », par exemple, n’auraient jamais dû… être interprétés. Et le général d’enfoncer le clou dans le JDD : « il n’a jamais été question d’enquêter sur Nicolas Sarkozy ou sur les autres hommes politiques dont les noms sont apparus sur les listings ». Ce qui revient à dire, en résumant un peu, que le général n’aurait enquêté sur rien, malgré neuf réunions avec Dominique de Villepin, quelques déplacements en Suisse et des centaines de propos manuscrits.

Le général Rondot a reconnu devant les juges qu’il avait menti à son ministre de tutelle, Michèle Alliot-Marie, mais il a laissé entendre dans son interview d’hier qu’il ne s’agissait que de confusions. Pourquoi, alors, après avoir relu sa déposition et persisté, l’avoir signée ? Parce qu’il ne savait pas qu’il pouvait « refuser de le faire ». « Je me suis comporté en citoyen ordinaire, sans faire état de mon grade ou de mes décorations ». Quand pareil dévouement se conjugue avec un tel patriotisme, cela tourne à la nécessaire défense des anciens combattants. On ne peut plus alors parler de naïveté, mais d’héroisme.

Il faut désormais sauver le soldat Rondot ! Qui n’a rien vu, rien dit, rien écrit, ni contredit. Qui aime la France, son Premier ministre et son Président. Qui n’a eu aucun contact avec personne au cours des dernières semaines. Qui est resté muet comme une carpe et sourd comme un résistant.

Bref, le problème n’est plus maintenant de savoir si le général Rondot a été torturé. Mais… par qui ?

 

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14 mai 2006 7 14 /05 /mai /2006 00:25

L’édition du « Monde » de ce week-end comporte un étrange éditorial intitulé « à nos lecteurs » et signé Jean-Marie Colombani. Le Directeur du quotidien prévient tout le monde, et c’est un euphémisme que de le dire, que son journal risque d’être prochainement perquisitionné, voire plus, dans le cadre de l’affaire Clearstream. Le tout à cause de l’ouverture d’une « information contre X pour violation du secret de l’instruction ». Sur la forme, on peut, certes, comprendre l’émoi qu’une telle perspective peut engendrer. On peut aussi espérer que journalistes et rédacteurs sauront, avec leur directeur, protéger leurs sources et leurs informateurs. Mais sur le fond, on peut aussi s’étonner que le journal « s’étonne » de pouvoir faire l’objet d’une telle « attention », alors qu’il publie presque chaque jour des détails qui n’auraient jamais dû quitter les bureaux des juges d’instruction.

Selon Jean-Marie Colombani, la faute en incombe, « encore » pourrait-on dire, au Premier ministre qui estimerait que « Le Monde et les deux magistrats chargés de l’enquête se seraient ligués pour le détruire ». Ce qui tourne un peu à la « parano », en dehors du fait que cette phrase laisse sous-entendre une entente objective entre juges et  journalistes. Mais l’affaire ne fait plus sourire quand le journal prévient que ces futures voies de fait « programmées » contre la liberté de la presse viendraient confirmer les doutes émis « dès la crise des banlieues sur le mode de gouvernement de Dominique de Villepin ». Le sommet de l’Etat est donc accusé avant même d’avoir bougé… le petit doigt. Ce qui, peut-être, est une façon habile de le dissuader de le faire, mais tourne également à l’amalgame par son mélange de tous les sujets.

Etrange donc cette manière de prendre le lecteur à témoin de faits qui ne sont pas encore… arrivés. Etonnante également cette posture de victime de la part de Jean-Marie Colombani. Enfin effrayante cette dénonciation anticipée du Premier ministre et cette accusation à peine voilée de collusion de tous les pouvoirs.

« Le Monde » réagit un peu comme si la France de Chirac était déjà le Chili de Pinochet. Comme si l’autorité judiciaire n’était qu’aux ordres du pouvoir exécutif. Comme si la République avait décidé d’écraser la liberté par crainte d’un terrible dénouement . On ne veut pas le croire un instant. Mais il est déjà terrible qu’un organe de presse veuille le faire... craindre désormais.

 

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13 mai 2006 6 13 /05 /mai /2006 10:51

Deux phrases, prononcées hier sous le feu de l’actualité, méritent que l’on s’y arrête. La première est celle de Dominique de Villepin qui, s’adressant aux photographes installés dans la cour de Matignon, leur a lancé : « vous êtes là comme des fonctionnaires, comme des moules accrochées au rocher ».

Cette « boutade » du Premier Ministre, en dehors du fait qu’elle lui a valu une volée de bois vert de la part du Secrétaire général de la FSU, est révélatrice d’une certain conception de l’activité. L’Enarque distingué, donc issu lui-même de la Fonction publique, a sans doute voulu mettre en opposition un certain attentisme des autres au regard du dynamisme dont il fait preuve. Mais l’instant est, pour le moins, mal choisi. Par ailleurs, cette remarque désobligeante à l’égard des fonctionnaires n’est pas nouvelle. Jadis, tous ceux qui travaillaient dans les bureaux étaient ainsi décriés, comme autant de « messieurs les rond-de-cuir ». Mais, aujourd’hui, elle prend une dimension nouvelle dans une société éclatée avec des réformes inachevées, telles celles des retraites ou de la décentralisation. Il n’est pas besoin d’en dire plus. Chaque lecteur a désormais, s’il le souhaite vraiment, suffisamment les moyens de se faire une opinion.Tant en observant les mouvements sociaux qu’à la lecture du budget de l’Etat, des rapports des Inspections générales et de la Cour des Comptes. Ou que ce soit en compulsant les études de l’INSEE et des instituts de sondage ainsi qu’en comparant la France avec tous les autres pays industrialisés.

La seconde phrase remarquée a été celle de Jacques Chirac, hier, en marge du sommet Union européenne-Amérique latine. Le président de la République, répondant à la question d’un journaliste sur l’immigration a rétorqué : « ceux qui sont en règle n’ont rien à craindre et ceux qui ne sont pas en règle auraient mieux fait de pas venir ». Cette déclaration, un peu à l’emporte-pièce, semble sonner le glas d’une certaine tradition de « laxisme » qui prévalait jusqu’ici en France. Elle marque en tout cas une rupture certaine avec le « libéralisme » des années 1997-98 et apparaît comme un soutien sans faille au texte de Nicolas Sarkozy sur l’immigration choisie » au détriment de « l’immigration subie ». Pour autant, le chef de l’Etat a précisé que cette question serait traitée « avec toute l’humanité nécessaire ».

Au final, si, dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit que de mots, gros pour les uns, bons pour les autres, il n’en demeure pas moins qu’ils sont l’expression d’un nouvel état d’esprit à droite. Travail, réforme, Droit et règle semblent être désormais les expressions choisies pour rassembler. Et nous ne sommes pas si loin de cette « rupture » préconisée par le ministre de l’Intérieur. Trop tôt ? Trop tard ? Il est d’autant plus difficile de trancher sur les questions de société que cette dernière ne sait plus… « à quel saint se vouer ». D’autant que, au chapitre des « bonnes » intentions,  la gauche prend encore son temps avant de se prononcer définitivement sur… tous les sujets délicats.

 

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12 mai 2006 5 12 /05 /mai /2006 10:05

Dégoûtés, écoeurés, désemparés ! Les Français n’en peuvent plus de découvrir chaque jour, à la Une de l’actualité, les bassesses et petitesses commises par ceux qui les gouvernent. Entre coups bas, coups fourrés et coups tordus, leur coupe est pleine. Entre mensonges par destination, mensonges par omission et dissimulation de la vérité, ils ne sont plus en mesure de faire la différence. Ils se rappellent seulement que, jadis, on leur avait fait le coup du sang contaminé, du Rainbow Warrior, des écoutes de l’Elysée et que, aujourd’hui, on les promène de rumeurs politiques en complots d’Etat, de commissions occultes en fonds suspects et de pratiques d’officines privées en confidences d’agents secrets.

Mais ce qui désespère surtout les Français, c’est de penser qu’ils en ont encore pour un an à subir ces tristes révélations d’un pouvoir décadent. Et que, pendant ce temps, notre pays s’enfoncera encore un peu plus dans les profondeurs des tourments. Les vrais problèmes du temps ne seront pas traités. Le chômage de longue durée s’accentuera. Les problèmes des banlieues ne seront pas réglés. La dette de l’Etat s’agrandira. La réforme des services publics s’évanouira. Bref, tout ce qu’il était urgent d’entreprendre devra encore attendre une année. Tout ce qu’il fallait rénover pour redonner espoir à la société et redorer le blason d’une Nation qui n’en peut plus de courir après son rayonnement passé sera différé. Voire abandonné. Laissant ainsi les plus défavorisés d’entre nous orphelins des promesses d’un avenir meilleur. Plus pauvres qu’hier et moins que demain. Plus désespérés du genre humain.

Hélas, comme lors du dernier septennat socialiste, le sommet de l’Etat est impliqué dans ce bourbier. Tellement plongé au cœur de l’affaire qu’il en est à s’y débattre et à s’y… noyer. Car, malgré dénégations, communiqué de presse de l’Elysée ou de Matignon et grandes déclarations, chacun est désormais convaincu que rien n’a pu se faire vraiment sans qu’il ne soit mis au courant. Même si l’origine de l’affaire Clearstream, une lutte d’intérêts entre vendeurs d’armement, n’est, semble-t-il, pas de son fait.

Mais à qui donc faire confiance maintenant ? Les élites ont menti et les institutions de contrôle n’ont pas fonctionné. Quant à la prétendue « justice », elle s’étale au grand jour, sans recul ni sérénité, sur la foi de documents trouvés, volés ou détournés. Les justiciers avancent « masqués », hors du secret de l’instruction et du contradictoire des prétoires. Péremptoires et sans appel, ni précautions.

Dès lors, Le Parlement assiste comme spectateur horrifié à un combat qui le dépasse. Quant à l’électeur, il attend son heure. Ou, plutôt, il attend son… malheur.

 

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11 mai 2006 4 11 /05 /mai /2006 10:02

On peut comprendre la grosse colère du juge van Ruymbeke, hier, devant  la télé. Car non seulement il a échappé de peu à une manipulation de grande envergure, mais il a également échappé à une belle.. promotion. Donné en effet partant à la fin de ce mois pour un poste de Président de Chambre à la Cour d’Appel de Paris, il se retrouve aujourd’hui suspendu à la décision du Conseil Supérieur de la Magistrature qui a décidé de « repousser » son avis. Il pourrait même être menacé de sanctions disciplinaires et de poursuites administratives si le Garde des Sceaux saisissait le CSM pour manquement à la déontologie. Le Premier juge d’instruction du pôle financier de Paris a ainsi perdu dans cette affaire tant une notoriété sans tâche qu’une bonne partie de sa crédibilité. Il est, en quelque sorte, devenu, bien malgré lui, la première victime du dossier Clearstream.

On reproche en fait trois choses à ce magistrat. Sa première faute est d’avoir accepté un rendez-vous secret en avril 2004, par l’intermédiaire d’un avocat, avec le vice-Président d’EADS et de s’y être rendu, de nuit, tel un « cambrioleur » ou un comploteur. La seconde est d’avoir passé un « marché » de confidentialité avec l’industriel « présumé corbeau » pour le prix de la remise de listings dont on sait aujourd’hui qu’ils sont en partie faux. Enfin, sa dernière faute est sans doute d’avoir laissé ses confrères, les juges Pons et d’Huy, « patauger » dans les méandres compliqués d’un dossier qui dépasse désormais la simple escroquerie des commissions occultes sur les frégates de Taïwan.

Au pire, Renaud van Ruymbeke, pour avoir exploité les faux listings et les avoir « négociés » hors de toute procédure, pourrait se retrouver engagé dans une sorte de complicité de faux et usage de faux.

Tout indique, certes, que le juge a été piégé. Mais on peut s’étonner qu’un homme aussi aguerri ait voulu jouer « cavalier seul » dans un dossier aussi explosif. D’autant que la grande question reste encore aujourd’hui de savoir qui manipule…qui ?

 

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10 mai 2006 3 10 /05 /mai /2006 11:37

La commémoration, aujourd’hui, de l’abolition de l’esclavage n’est pas seulement un devoir de mémoire, mais c’est aussi un devoir d’actualité. Car ce qui fut jadis une honte pour la France l’est aujourd’hui pour le monde entier. Il n’y a plus, certes, de traite négrière ou de populations déportées d’Afrique en masse pour la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe, mais des femmes, des hommes et des enfants sont toujours asservis par milliers sans que cela ne trouble les consciences. En Thaïlande, à Pattaya, les femmes sont livrées au plaisir des occidentaux pour le prix d’une aumône. En Asie, des gamins fabriquent des ballons de foot et des maillots pour moins d’un euro. En Inde, le système des castes perdure et maintient des millions de gens dans la pauvreté. En France, à Paris, des « employés de maison » sont traités pire que du bétail, dorment par terre et mangent les restes que l’on veut bien leur donner.

L’esclavage n’est pas une question de couleur, quoique les « Blancs » n’en aient jamais soufferts à échelle "industrielle", mais un problème de société. Et s’il existe depuis plus de trente ans, à l’ONU, un groupe de travail sur les formes contemporaines de l’esclavage, ce dernier n’a pas pour autant disparu.

La dictature de l’argent a démonétisé l’espèce humaine, gratifiant les hommes de considération à hauteur seulement de leur pouvoir d’achat. Hier, la traite était fondée sur l’ignorance, le préjugé de couleur et la religion. Elle est aujourd’hui excusée par « tradition » ou par nécessité économique. On en vient alors à parler de commerce équitable, d’une juste rétribution des cueilleurs de cafés. Comme si cela devrait être une exception.

En ce jour symbolique, il convient de se rappeler de Victor Schoelcher qui, plus qu’un riche bourgeois blanc de peau, fut un véritable père pour l’humanité. Apôtre de l’égalité entre les hommes, il milita également pour la reconnaissance des droits civiques des femmes, pour l’application du suffrage universel, pour la suppression de la peine de mort et pour les droits de l’enfant. Cet Alsacien, ami de Victor Hugo fut, certes, un piètre homme d’affaires, mais devint pour l’éternité un homme de qualité. Il sut se révolter et convaincre la société d’abolir cette pratique rétablie par Napoléon, qui fit 22 millions de victimes. Comme on aimerait aujourd’hui connaître d’aussi authentiques républicains !

Le 4 mars 1848, le gouvernement de la France déclarait solennellement : « nulle terre française ne peut porter d’esclaves ». En sommes-nous si sûrs… aujourd’hui ?

 

 

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9 mai 2006 2 09 /05 /mai /2006 08:47

L’horreur absolue. Une petite fille de cinq ans tuée et retrouvée dans un sac-poubelle dans les Bouches-du-Rhône. Un petit garçon de 4 ans violé et noyé dans la Nièvre. Ce week-end a montré, s’il  en était besoin, qu’aucun village, aucune cité et aucune communauté n’étaient à l’abri du geste d’un déséquilibré et, pire, du coup de folie d’un familier. Car, on ne veut pas croire un instant que la mort de ces enfants puisse être l’œuvre de quelqu’un de normal et de sensé. Et on ne peut guère plus accepter qu’un individu digne de ce nom soit capable de s’attaquer à ce qui est l’innocence même.

Or, dans ces deux affaires, et même si l’enquête est loin d’être terminée, il ne fait désormais plus aucun doute, hélas, que le ou les l’agresseurs connaissaient leur victime, la côtoyait souvent, sinon chaque jour, et entretenaient avec ses proches ou ses parents des relations de connivence et de confiance. Ce qui est encore plus révoltant.

Que l’homme soit un loup pour l’homme n’est pas une révélation. Mais qu’il soit aussi un loup pour l’enfant rappelle les pires atrocités des siècles derniers.

Notre société n’a-t-elle donc rien compris ? L’Histoire du monde ne nous a-t-elle rien appris ? Sommes-nous à ce point si fragiles que nous ne savons même pas protéger nos enfants ? Ou leur assurer une tranquillité de tous les instants ? Enfin, l’espèce humaine, quelle que soit sa race, sa couleur ou sa religion, est-elle si malade pour cacher ainsi des « trésors » de perversité que les animaux, bien souvent, n’égalent pas ?

Toutes ces questions méritent désormais d’être posées pour tenter de trouver une parade à cette horreur absolue. Car, dans ces deux affaires, les procédures d’alerte, aussi sophistiquées soient elles, n’auraient pas permis d’aller plus vite. La mobilisation des populations a, en effet, été exemplaire. Hélas, le ou les bourreaux se trouvaient sans doute parmi elles.

Alors, faudra-t-il un jour se résoudre à enregistrer sur fichier tous les ADN des habitants d’une  rue, d’une commune, d’une ville ou d’une société pour dormir tranquille ? Faudra-t-il rendre l’empreinte génétique obligatoire sur la carte d’identité ? Dissuadant ainsi tous les pervers du monde et « de la maison d’à côté » de venir attenter à l’intégrité de ceux qui nous sont chers ? Pourquoi pas ? La commission informatique et liberté ne sera certainement pas de cet avis. Mais la vie de nos enfants vaut bien le prix de cette révolution des… mentalités.

 

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8 mai 2006 1 08 /05 /mai /2006 00:02

L’école doit redevenir un support d’éducation et de formation. L’idée n’est pas nouvelle. Mais elle mérite périodiquement de ressortir des archives. Elle figurait ainsi, déjà, dans le 12ème rapport du médiateur au président de la République et au Parlement, en mai… 1984. On pouvait y lire la dénonciation de cette « crise de valeurs civique et morale qui se manifeste tant chez l’enfant et l’adolescent que chez l’adulte par un développement de l’agressivité, de la violence, de la lâcheté devant cette violence, bref par l’égoïsme. A quoi s’ajoutent le laxisme, dont font trop souvent preuve parents et maîtres, et l’intolérance dont l’exemple vient parfois du haut ». Le rapport préconisait « la mise en œuvre d’une efficace initiation à la vie sociale, économique et institutionnelle »… se situant « dans le cadre d’une éducation globale de l’être humain » et ne se réduisant pas uniquement « à la vision étriquée du simple exercice des droits et de l’observance des obligations ». Le rapport affirmait enfin que « le système éducatif dans son ensemble devait s’ouvrir au monde socio-professionnel et économique avec détachements d’économistes, d’ingénieurs, de juristes, de sociologues, de politologues, de chefs d’entreprise et de responsables politiques et syndicaux dans les établissements ».

22 ans après, rien n’a changé et le rapport a été oublié. Ou, plutôt, tout s’est encore plus dégradé.

Un des grands problèmes de notre France d’aujourd’hui est que les enseignants restent toujours persuadés d’être les seuls à détenir le « savoir », le vrai savoir, celui qui grandit l’homme et ne l’asservit pas. Dès lors, ils refusent que d’autres qu’eux puissent transmettre ces multiples connaissances dont « ils » ont été privés par leur statut et dont ils n’imaginent pas, un instant, l’importance dans notre nouvelle société.

Les mentalités ont certes évolué, mais les réflexes demeurent et les habitudes perdurent. Ainsi, on fait encore expliquer aux élèves ce qu’est une profession de maçon ou d’astrophysicien par des conseillers d’orientation qui ne l’ont approchée que dans les livres ou dans les films. On s’obstine à vouloir se priver des richesses de l’expérience privée au profit d’une pensée unique et académique. Qui, par on ne sait quel magie, saurait tout sur tout et aurait réponse à tout sur rien. L’avenir est alors statistique et mathématique, philosophique ou linguistique. Bref, on veut nous faire croire que demain sera toujours « jules-ferryen » ou ne sera pas. Alors qu’il ne l’est déjà plus. Certes 80% des classes d’âge ont le baccalauréat, mais avec désormais deux fautes par phrases et un parler français qu’ils ne maîtrisent pas. Sans parler de l’anglais… Véritable performance scolaire qui, loin d’être une progression, confine plutôt à la régression.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les « valeurs » de la société soient rangées au rayon des « accessoires », entre cours de gym et expression picturale. Et encore ! A condition d’avoir le temps. Ou à la faveur d’un quelconque 10%. Mais à quoi bon s’obstiner devant autant de corporatisme, d’immobilisme et d’indécision. Pour avoir espéré éducation et enseignement à l’école, l’élève citoyen a désormais bien compris qu’il s’était trompé de filière. Et, pour avoir osé rêver que les enseignants pouvaient faire de la formation, l’homme risque de chercher encore longtemps son chemin à l’adresse de… l’ANPE. Alors il reste à imaginer l’Histoire. Celle de demain et de tous les citoyens. Avec, bien sûr, service civique…obligatoire.

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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 01:05

Faut-il réintroduire l’ours dans les Pyrénées, les vipères dans le Cantal, les moustiques dans les marais du Languedoc et la bête dans le Gévaudan ? Quel mouche a donc piqué les autorités qui ont décidé un beau jour qu’il fallait « ressusciter » notre patrimoine naturel, quitte à importer des ours bruns de l’étranger ? L’argumentaire du ministère est, de ce point de vue, éloquent, même s’il est parfois déroutant. Dire par exemple que, « en préservant l’ours brun et son habitat, nous préservons aussi de nombreuses espèces animales et végétales tout aussi importantes », fait tousser tous les spécialistes animaliers. L’Etat nous ferait presque croire un instant que l’ours, en général, est un plantigrade herbivore qui préserve la nature des mauvaises herbes, dédaignant les moutons, le miel et les arbres fruitiers. Mais peut-être que l’ours slovène, que l’on savait nomade et carnassier, contrairement à celui des Pyrénées, est désormais « rééduqué », omnivore jusqu’à l’excès, par sa nouvelle citoyenneté. « Immigration choisie » dirait Nicolas Sarkozy.

Le même site Internet gouvernemental consacré à l’ours brun ne fait pas dans la mesure. Pour lui, c’est « d’abord pour des raisons éthiques que la sauvegarde de l’ours brun s’impose ». Tout en précisant, quelques lignes plus loin, que la survie de l’espèce dans le monde n’est pas menacée. Enfin, si l’ours slovène n’a qu’un lointain rapport génétique avec l’ours brun des Pyrénées, on fera comme si, le vrai « cousin » de ce dernier, l’ours suédois, étant vraiment trop dangereux.

La farce prend une tournure plus sournoise quand le rédacteur de la « pensée officielle » affirme que « la conservation de cette espèce répond également à une forte demande sociale »… Alors que l’on sait que les réunions de concertation sur le sujet ont surtout mis en lumière des oppositions et des boycotts massifs, à l’exception principalement de quatre communes de Haute-Garonne.

Personne n’ignore ainsi que les militants d’Arbas, si favorables à l’ours que cela en devient suspect, ne le verront jamais car leur commune est située bien trop bas dans la vallée.

On peut, dès lors, s’interroger sur tant d’acharnement. D’autant que la réintégration envisagée de cinq ours ne sera jamais suffisante pour régénérer la biodiversité. Les chercheurs américains ont en effet démontré qu’il fallait au moins une cinquantaine d’individus pour qu’une population de plantigrades soit viable. Enfin, Yves Coppens et Jean-Louis Etienne, qu’on ne peut taxer d’insensibilité sur le sujet, ont déjà expliqué la vacuité du projet. Mais, foin de toute raison, l’Etat s’obstine avec aussi, de son côté, quelques grands noms tel Hubert Reeves, nostalgique de son ours noir du Canada. Reste désormais au Conseil d’Etat le soin de trancher et d’autoriser ou non, mardi, les nostalgiques du passé à jouer, sous prétexte d’écologie, les… apprentis sorciers.

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